Gérald Darmanin : Grâce à l’immigration, la majorité commence par séduire à droite

SOPA Images/SIPA

Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, propose dans son projet de programmation d’orientation et de programmation une loi afin de permettre l’expulsion sans condition des étrangers reconnus comme délinquants par la justice. Cette proposition est un signe fort de la majorité envers Les Républicains afin de commencer à construire une entente capable de mener à bien les projets du gouvernement. 

Le premier exemple des compromis politiques que la Première ministre veut trouver à l’Assemblée

Gérald Darmanin veut faire voter une loi pour permettre l’expulsion sans condition des étrangers reconnus comme délinquants par la justice. Cela pourrait être un premier exemple des compromis politiques que la Première ministre veut trouver à l’Assemblée. En effet, aujourd’hui en France on peut expulser des étrangers délinquants. Pourtant, il y a toute une série de motifs d’exception, par exemple si l’étranger est arrivé en France avant l’âge de 13 ans, qui complique extraordinairement l’application de ce principe. C’est ce que pointait notamment un rapport du sénateur Jean Noël Buffet des Républicains et plusieurs élus de droite.

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Ils proposaient alors depuis longtemps de faire sauter ce verrou. Jusqu’ici la majorité et le ministre de l’Intérieur nommé Gérald Darmanin s’y opposaient. Mais, aujourd’hui, ce même Darmanin veut faire de cette proposition la sienne. En se disant prêt à l’intégrer dans sa loi de programmation. D’ailleurs, cette loi de programmation sur la sécurité intérieure est l’un des tout premiers textes inscrits à l’ordre du jour à la rentrée. Donc, il est clair que l’objectif est bien de faire une ouverture en vue d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée sur un texte important. Ce serait alors le premier exemple possible des « majorités de projet » dont parlait la semaine dernière Elisabeth Borne.

Les Républicains sont à la fois les plus nombreux dans l’hémicycle et les plus proches idéologiquement de la majorité

C’est un exemple marqué clairement à droite. Mais cela ne représente pas la ligne choisie par le gouvernement, c’est davantage la ligne proposée par Gérald Darmanin. Le ministre de l’Interieur, dont le périmètre s’est élargi à l’outre-mer et à la cohésion des territoires, veut faire de la politique et incarner le pilier droit du macronisme. Il part donc d’un constat, de ce qu’on pourrait appeler une évidence arithmétique dans les limites définies par Emmanuel Macron. En effet, si l’on enlève la France Insoumise et le Rassemblement National, les Républicains sont à la fois les plus nombreux dans l’hémicycle et les plus proches, sur le fond, de la majorité. C’est donc avec eux prioritairement qu’il faut travailler. D’autant que le Parlement ce n’est pas uniquement l’Assemblée et qu’au Sénat, c’est la droite qui tient la majorité.

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Il n’est donc pas impossible que cette opération aboutisse. Toutes les premières réactions à droite sont positives. Avec forcément une bonne dose d’ironie rappelant que c’était bien la peine de s’y opposer pendant 5 ans. Mais visiblement Les Républicains sont prêts à voter cette disposition sur l’expulsion des étrangers délinquants. Cela ne veut pas dire encore qu’ils voteront la loi programmation d’orientation et de programmation de Darmanin dans son ensemble, mais cela veut dire que la discussion sera possible. Ainsi, le ministre de l’Intérieur qui doit effacer l’effet désastreux, notamment dans l’électorat de droite, de sa gestion du stade de France, ne serait pas mécontent d’apporter ce premier exemple de compromis. Même si cela fait hurler la gauche et peut-être surtout si ça fait hurler la gauche.

Guillaume Tabard

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