Le député RN Grégoire de Frounas a été accusé de racisme par une partie de ses collègues de l’Assemblée nationale ce jeudi 3 novembre. L’intéressé nie toute xénophobie, mais l’image du RN en sort écornée.
Jusqu’ici, le RN a refusé d’être dans la provocation et l’invective à l’Assemblée nationale
La scène est passée en boucle sur les télévisions. L’élu insoumis Carlos Martens Bilongo déplore le drame des migrants en Méditerranée, que des ONG sauvent de la noyade avec leurs bateaux, quand le député RN Grégoire de Fournas crie « retourne en Afrique ». Stupeur dans l’assemblée. Beaucoup y voient une attaque honteuse contre cet élu de couleur. Quelques minutes plus tard, Fournas s’explique devant les journalistes et conteste cette lecture. Il assure avoir lancé : « Qu’ils retournent en Afrique », en parlant des bateaux, et donc pas de son collègue. Au-delà du débat sur ce qui a été réellement dit, cet épisode vient percuter des mois de travail disons-le plutôt efficace de normalisation, de banalisation du RN.
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On avait un groupe de 89 députés sages, bien habillés, qui mettaient en avant du pragmatisme, plutôt que de l’idéologie. Ils votaient des amendements, voire des motions de censure, déposés par d’autres groupes. Ils ont pris des vice-présidences de l’assemblée, demandé à présider des groupes d’amitié avec certains pays, refusé d’être dans la provocation, l’invective et choisi des thèmes plus consensuels : pouvoir d’achat, bien-être animal. Sur l’immigration, les propos étaient moins stigmatisants.
Un incident qui survient à la veille du congrès du Rassemblement national
Leur stratégie était bien pensée : prendre le pouvoir en infiltrant le système, plutôt que de chercher à le renverser. C’était la méthode groupusculaire, d’avant. Le Rassemblement national se trouve donc provisoirement rediabolisé. Ses opposants, à commencer par le chef de l’Etat qui a vivement réagi, le montrent à l’index, sur le thème « le vernis a craqué », « le vrai visage du RN est apparu ».
En réalité, il ne faut pas exclure aussi une bonne dose d’opportunisme dans ces cris d’orfraie. Car cela fait des mois que de la gauche aux Républicains, chaque famille politique cherche la rediabolisation à tout prix de Marine Le Pen. Au point, souvenez-vous, que les élus de gauche et certains macronistes ne voulaient même pas jouer au foot avec les députés RN dans la sélection parlementaire. En tout cas, cet incident tombe mal. A la veille du congrès du RN, où elle lègue les rênes du parti, Marine le Pen doit reconquérir le terrain perdu. Et tout cela, ironie de l’histoire, à cause de l’un des siens.
Marcelo Wesfreid
« Retourne en Afrique » lancé par le député du #RN Grégoire de Fournas à @BilongoCarlos.
La honte ! Soutien fraternel à mon camarade.
Derrière les cravates et les costumes, le Rassemblement National a montré son vrai visage raciste et dégoûtant pic.twitter.com/c14XJU892w
— Manuel Bompard (@mbompard) November 3, 2022