Ces dernières semaines et ce week-end à Sainte-Soline, des actions écologistes-coup de poing ont occupé l’agenda médiatique. Des méthodes regrettables car « l’écologie de combat » affaiblit le débat, crucial, pour mener à bien la transition écologique.
Ces derniers temps, les Verts ont parlé de tout, sauf de réchauffement climatique
Ce week-end, l’ancien candidat à la présidentielle Yannick Jadot a été chahuté par d’autres militants écologistes, lors de la manifestation contre les méga-bassines d’eau à Sainte-Soline dans les Deux-Sèvres. Sa voiture a même été vandalisée. Le courant écologique est en train de se faire déborder par sa composante la plus radicalisée, celle qui ne jure que par les opérations coup de poing. Celle-ci était à l’oeuvre hier pour couper les tuyaux d’alimentation des méga-bassines à Sainte Soline mais aussi pour jeter de la soupe sur des peintures célèbres ou dégonfler les pneus des SUV. Il y a aussi ceux qui démontent des panneaux publicitaires, comme à Strasbourg, il y a quelques jours. Des membres du mouvement Extinction Rebellion se sont également collées à des voitures au Mondial de l’Auto.
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C’est ce que la députée EELV Sandrine Rousseau a appelé, hier, « l’écologie de combat ». L’idée est de changer de braquet, de dénoncer l’inaction climatique par des actions tonitruantes. C’est une façon pour une partie des écologistes de reparler du climat. Cela peut paraître paradoxal mais ces derniers temps, les Verts ont parlé de tout sauf de réchauffement climatique. On a eu les arrêtés pro-burkini dans les piscines à Grenoble, le retrait de l’arbre de Noël à Bordeaux, le feuilleton de l’alliance des partis de gauche avec Mélenchon… Il y a eu aussi, plus récemment, les accusations de violences psychologiques à l’encontre de Julien Bayou.
Aujourd’hui, la prise de conscience du problème climatique est universelle, ou presque
Par des actions de désobéissance civile – la manifestation de samedi à Sainte-Soline était interdite – les écolos remettent l’environnement dans l’agenda médiatique. Mais pour quel débouché politique ? Nous sommes face à une écologie de lanceurs d’alertes, dans la plus pure tradition de l’écologie politique des années 1970, mais on peut se demander si ce n’est pas démodé. Aujourd’hui, la prise de conscience du problème climatique est universelle, ou presque. En revanche, il y a un débat à mener sur la manière d’embarquer tout le monde dans la transition écologique et comment changer nos modèles de production. C’est là que les forces politiques sont attendues : sur leur capacité à convaincre qu’elles peuvent transformer le réel. Cela s’appelle du concret, pas des cris d’orfraie.
Marcelo Wesfreid