Emmanuel Macron reçoit aujourd’hui le chancelier Olaf Scholz. L’occasion pour le tandem franco-allemand d’apaiser une relation abîmée par des divergences, notamment au sujet de la politique énergétique.
La défense européenne est un point de tension entre Paris et Berlin
La guerre en Ukraine a été révélatrice des dissensions entre Paris et Berlin. Quand la France a appelé à une défense européenne, l’Allemagne a annoncé se doter d’un bouclier antimissile américain. Les divergences de la politique énergétique ont aussi éclaté au grand jour. Là où Paris a misé sur le nucléaire, Berlin a accru sa dépendance au gaz russe. Et quand Paris prône la solidarité face à la crise énergétique, Berlin adopte un plan de 200 milliards d’euros pour protéger son économie, dont 90 milliards pour permettre à son industrie de tenir cet hiver. Le couple franco-allemand a du plomb dans l’aile, analyse le géopolitologue Jean-Pierre Maulny. « On a l’impression que l’Allemagne agit en fonction de son intérêt national et qu’elle ne recherche pas le point de consensus », lâche-t-il.
A lire aussi
L’Allemagne s’oppose à un plafonnement du prix du gaz pour protéger son industrie
Pour assurer sa sécurité, Berlin s’est toujours tourné vers Washington et il n’est pas question de changer. Par ailleurs, face à un risque de récession annoncé en 2023, l’Allemagne veut à tout prix préserver son industrie. D’où son refus d’un plafonnement du prix du gaz souhaité par Paris et Rome. « Le risque selon les dirigeants allemands est que les pays exportateurs de gaz arrêtent de vendre aux Européens et se tournent vers le marché asiatique, là où les prix ne sont pas plafonnés », explique Francis Perrin, spécialiste des énergies. Il ajoute qu’un plafonnement pourrait entraîner une hausse de la consommation allemande. Ces deux facteurs pourraient provoquer une rupture d’approvisionnement fragilisant l’industrie allemande, extrêmement dépendante de cette ressource, contrairement à l’Hexagone. Et de l’autre côté du Rhin, on estime que la France, avec ses tarifs réglementés, tire artificiellement les prix des énergies à la baisse.
Eric Kuoch
Retrouvez le reportage d’Eric Kuoch à partir de 05:45