L’Union Européenne vient de faire un pas vers le plafonnement du prix du gaz acheté. Si ce plafonnement laisse entrevoir une baisse de la facture énergétique dans les pays européens, il reste contesté au sein de l’Union, notamment par l’Allemagne.
Les boucliers tarifaires instaurés dans les pays européens montrent leurs limites
Un accord communautaire pour imposer un plafond au prix de nos achats de gaz est la dernière chance d’avoir une baisse rapide de la facture énergétique. La plupart des pays européens commencent à toucher les limites de ce qu’ils peuvent faire seuls. Les boucliers tarifaires déployés pour protéger les ménages de la flambée des prix de l’énergie pèsent déjà très lourd sur les finances publiques. Et maintenant qu’il faut renforcer les mesures destinées au tissu économique à l’approche de l’hiver, les moyens manquent. La France en est un bon exemple. Bercy vient en effet de prévenir qu’il disposait d’une enveloppe budgétaire de 10 milliards d’euros seulement pour financer le bouclier énergétique, que le gouvernement veut déployer pour éviter l’asphyxie financière de nos entreprises et surtout de nos PME.
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L’Allemagne, capable de dépenser beaucoup pour son gaz, est réticente à un plafonnement des prix
Dans ces conditions, la mission confiée à la Commission européenne pour trouver le moyen de plafonner le prix du gaz est donc une bonne nouvelle. A condition qu’elle aboutisse à des mesures concrètes, ce qui est tout sauf certain. L’Allemagne a dû se résoudre à faire cette concession sous la pression de ses partenaires, mais elle reste vent debout contre le plafonnement. Très dépendant des importations de gaz, Berlin redoute en effet que les fournisseurs de l’Europe se tournent vers d’autres clients prêts à payer plus cher, par exemple en Asie. Le gouvernement d’Olaf Scholz et les industriels allemands préfèrent donc mettre la main à la poche, plutôt que de risquer la pénurie. Ce raisonnement s’appuie sur la capacité du pays, robuste sur le plan économique, à encaisser le choc. Après quinze ans de prospérité, les caisses sont pleines. C’est ce qu’a rappelé le plan d’aide de 200 milliards d’euros dégainé par Berlin fin septembre, dans un remake de la cigale et la fourmi, qui met la solidarité européenne à rude épreuve.
François Vidal