Les tensions entre la France et l’Allemagne, un cadeau pour Vladimir Poutine

Sergei Ilyin/Russian Presidentia/SIPA

Paris et Berlin ont décidé de reporter jusqu’à nouvel ordre le conseil des ministres conjoint de la semaine prochaine, signe de tensions croissantes entre les deux capitales. Faut-il s’inquiéter pour l’avenir du couple moteur de l’Union européenne ?

Paris et Berlin sont en train de donner raison à Vladimir Poutine

Il y a des tensions régulièrement, et il y en aura encore dans le futur. C’est ainsi que fonctionne la relation franco-allemande depuis soixante ans. Mais ce qui est sûr, c’est que la crispation actuelle tombe au plus mauvais moment. C’est un cadeau fait à Vladimir Poutine, qui parie depuis des mois sur le fait que le front uni que lui opposent les Européens finira par se fissurer sous la pression des difficultés économiques nées de la guerre en Ukraine. D’une certaine manière, Paris et Berlin sont en train de lui donner raison. Il faut donc que les deux capitales mettent d’urgence leurs différends à plat sur les questions énergétiques et de défense au cœur des tensions actuelles. Mais l’Allemagne en a-t-elle la volonté ? Le gouvernement Scholz a annoncé coup sur coup et sans concertation un plan de soutien à son économie de 200 milliards et son ralliement à un système de défense antimissile porté par l’Otan.

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La France et l’Allemagne devront faire des compromis

De la même manière, Olaf Scholz bloque depuis des semaines sur l’instauration d’un prix plafond pour le gaz, une mesure défendue par plusieurs capitales européennes. En fait, nous payons collectivement deux choses. La faiblesse politique du chancelier allemand, qui pilote avec difficulté une fragile coalition entre sociaux-démocrates, libéraux et écologistes chargée de réinventer le modèle économique allemand. Cela relègue au second plan la nécessaire concertation avec la France et ses autres partenaires européens. Mais nous sommes aussi victimes dans cette affaire de nos propres rigidités, quand par exemple nous nous opposons avec force à la construction d’un gazoduc dans les Pyrénées pour raccorder l’Espagne au reste de l’Europe, une infrastructure jugée vitale par Berlin. Chaque camp va donc devoir faire des compromis. Et il faut espérer que le sommet européen qui s’ouvre aujourd’hui en sera l’occasion.

François Vidal

 

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