Lactalis a annoncé un accord pour acheter plus cher le lait de ses éleveurs – une hausse de 32% en un an. Cette augmentation inédite survient en pleine crise énergétique : celle-ci bouleverse les comptes des agriculteurs, qui, pour d’autres raisons, sont de moins en moins attirés par l’élevage de vaches.
Les coûts des éleveurs ont bondi de presque 20% depuis le début de l’année
Le prix du lait est en train de flamber : on peut même dire qu’il atteint des niveaux records. Hier, le numéro un mondial des produits laitiers Lactalis a annoncé avoir signé un accord avec les éleveurs à 490 euros les 1.000 litres de lait, une hausse de 32% en un an. Une augmentation inédite pour le groupe qui distribue Lactel, le beurre Président ou les camemberts Lepetit et un quasi doublement du prix par rapport à août 2016. Lactalis est souvent attaqué par les agriculteurs quand il refuse d’accroître ses prix d’achat. Il le fait aujourd’hui parce que les éleveurs font face à une vraie flambée de leurs propres coûts, avec la crise de l’énergie qui pèse sur le fuel mais aussi sur les engrais. Il y a aussi la sécheresse qui a joué contre les fourrages et a provoqué une augmentation du prix de l’alimentation animale. Ainsi, les coûts des éleveurs ont bondi de presque 20% depuis le début de l’année : une hausse était donc indispensable.
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L’autre raison est que les prix du lait, de la poudre de lait et du beurre grimpent. Le beurre est passé à 7.000 euros la tonne, contre 3.000 euros en 2020. Le prix de la poudre de lait, format qui facilite l’exportation, a gagné 40 % en un an. Lactalis fait donc rentrer plus d’argent dans ses caisses et peut se permettre de payer plus. En vérité, ils n’ont pas trop le choix. Le rapport de force a longtemps été en leur faveur mais la donne est en train de changer.
La collecte mondiale du lait est amenée à baisser dans les prochaines années
Les géants de l’agroalimentaire qui transforment et valorisent le lait comprennent qu’en France, en Nouvelle-Zélande ou ailleurs, de plus en plus d’agriculteurs renoncent à élever des vaches. Jamais de vacances, plusieurs traites par jour, rentabilité aléatoire… le jeu n’en vaut pas forcément la chandelle et les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à abandonner ou à ne pas trouver de successeurs quand ils partent à la retraite. Les champs de céréales remplacent les troupeaux de vaches normandes. L’an dernier, la collecte laitière mondiale a diminué de 0,5 % après des années de croissance. En Europe, elle a baissé de près de 2 %. Avec le bio, le métier s’était un peu revalorisé, mais même ce secteur connait des crises et cela décourage les éleveurs. Mais si demain il y a moins d’exploitations et moins de vaches, il y aura moins de lait. Ce ne serait pas très bon pour Lactalis. C’est sans doute pour motiver les agriculteurs qu’ils acceptent d’augmenter les prix.
David Barroux
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