Carburants : Derrière la détermination de la CGT, les rivalités internes au syndicat

Jacques Witt/SIPA

Après avoir mis à l’arrêt les raffineries françaises et ralenti les travaux dans les centrales nucléaires d’EDF, la CGT a appelé à une journée de grève interprofessionnelle mardi prochain. Sur la question du pouvoir d’achat, la centrale syndicale semble engagée dans un véritable bras de fer avec le gouvernement.

La CFDT a regretté la démarche jusqu’au-boutiste de la CGT

La CGT a manifestement l’intention de bloquer le pays. Alors, ce n’est pas la première fois. Le syndicat dirigé par Philippe Martinez est même coutumier de ces épreuves de force stériles dans lesquelles la grève et les blocages tiennent lieu de substitut au dialogue. Mais aujourd’hui cette stratégie de la tension, soutenue par les autres syndicats contestataires et l’extrême-gauche, paraît particulièrement irresponsable. Fallait-il en passer par là, alors que les prochains mois s’annoncent déjà difficiles pour les Français ? La réponse est évidemment non. Laurent Berger, le patron de la CFDT, a lui-même regretté cette démarche jusqu’au-boutiste.

La France est la victime collatérale de rivalités internes à la CGT

Dans ces conditions, comment interpréter la stratégie de la CGT ? En fait, dans cette affaire, nous assistons à une guerre de succession. Dans six mois, Philippe Martinez passera le témoin. Et la candidate qu’il a choisie pour lui succéder, Marie Buisson, ne fait pas l’unanimité. Les « durs » de la CGT la jugent trop conciliante. Ce conflit, lancé par la fédération des industries chimiques, l’une des plus importantes et des plus radicales de la centrale, vise donc à démontrer sur le pouvoir d’achat, un sujet hautement symbolique, que seule la manière forte paye. En clair, aussi incroyable que cela puisse sembler, le pays est la victime collatérale de rivalités internes à la CGT. Ce qui veut dire deux choses. D’abord, que le bras de fer entamé depuis deux semaines n’est pas près de se finir. La réforme des retraites devrait d’ailleurs lui donner un nouvel élan. Et ensuite, que cette fois encore plus que d’habitude, il est impératif que la grève ne paie pas.

François Vidal

Retrouvez toute l’actualité Economie