Un tiers des stations essence du pays sont au ralenti, ce dont s’inquiète Jean-Louis Schilansky, ancien président de l’Union Française des Industries Pétrolières (Ufip). Si la situation est inédite, il estime qu’une réquisition du personnel validée par les tribunaux pourrait sauver le gouvernement et le pays.
Une station sur deux est au ralenti en Île-de-France et dans les Hauts-de-France
La situation dans les stations essence commence à devenir invivable, alerte Jean-Louis Schilansky. Celle-ci varie entre Esso, ExxonMobil et TotalEnergies, ce qui complique la tâche. Chez Exxon, les syndicats majoritaires ont signé un accord salarial ce lundi mais la grève a quand même été reconduite. « Ceux qui y participent veulent bloquer le fonctionnement de l’entreprise », s’agace l’ex-président de l’Ufip. A quelques semaines des vacances de la Toussaint, un tiers des stations du pays ont des problèmes d’approvisionnements ou sont « complètement à sec ». Les disparités régionales sont très marquées, avec presque une station sur deux au ralenti en Île-de-France et dans les Hauts-de-France.
A lire aussi
Pour débloquer la situation, Elisabeth Borne a demandé la réquisition des dépôts de carburants du groupe Esso-ExxonMobil, une pratique « compliquée du point de vue légal », explique Jean-Louis Schilansky. Un motif d’ordre public doit être soumis aux tribunaux, qui, si ce motif est accepté, contraignent les salariés à revenir travailler. « Ça peut se faire très vite une fois que le motif est validé et ca débloquerait la situation », indique-t-il. L’ex-président prend comme exemple une réquisition ordonnée pour l’approvisionnement de l’aéroport de Roissy il y a quelques années. Cependant, la mesure met en rogne les syndicats qui rétorquent que la France a été rappelée à l’ordre par l’Organisation Internationale du Travail (OIT) après une réquisition de salariés en 2010, dénonçant une « mesure unilatérale ».
« Le pays ne va pas aller à l’arrêt complet » selon Jean-Louis Schilansky
La crispation porte aussi sur le salaire moyen des opérateurs de TotalEnergies, proche de 5000 euros par mois selon un communiqué de l’entreprise. « Il est impossible de remettre en doute la parole de Total sur ce chiffre », défend Jean-Louis Schilansky. « Avec l’intéressement, la participation et les primes, on est à 5000 euros bruts par mois », à part peut-être « l’opérateur qui débute à 22 ans, qui a un bac +2 et qui doit toucher 2500 euros ».
A lire aussi
Depuis le début de la grève il y a une douzaine de jours et pour pallier le manque de carburant, « la France importe massivement du gazole et de l’essence » majoritairement « en provenance des pays du Nord », remarque-t-il. Le gouvernement a aussi annoncé la libération de stocks stratégiques de réserves pour réapprovisionner le pays, nuance-t-il : « le pays ne va pas aller à l’arrêt complet ». Il n’empêche que 4 des 6 raffineries du pays sont actuellement bloquées et que la grève risque de durer. « Je n’ai jamais vu une situation aussi tendue », s’alarme-t-il.
Clément Kasser