TotalEnergies signe un contrat pour capter le CO2 et le stocker en mer du Nord

TotalEnergies

Les industriels misent de plus en plus sur le captage du CO2 pour répondre à l’urgence climatique, comme l’illustre la signature par TotalEnergies, Equinor et Shell, du premier contrat commercial pour le stockage de CO2 dans le projet Northern Lights. Mais cette technologie peine encore à s’imposer dans les objectifs de neutralité carbone.

Le CO2 récupéré dans les fumées des usines sera enterré à 2600 mètres de profondeur dans la Mer du Nord

L’idée a de quoi séduire. Le captage du CO2 dans le projet Northern Lights consiste à capter le gaz à effet de serre dans une usine d’ammoniac et d’engrais détenu par le groupe Yara aux Pays-Bas. « Dans les émissions, il y a des fumées mais il y a aussi un gaz dit résiduaire – qui provient de la séparation du méthane et de l’hydrogène – et des gaz, dont du CO2 qui sont très concentrés », explique Alix Bouxin, ingénieure décarbonation de l’industrie à l’ADEME. Il est donc possible de récupérer le CO2 dans les fumées émises par les usines. Le CO2 capté est ensuite comprimé puis acheminé dans un site de stockage, ici le site Northern Lights. Le CO2 sera séquestré à 2600 mètres de profondeur, dans un aquifère, en Mer du Nord. Des couches géologiques profondes, sur terre, peuvent également être exploitées. Cette initiative cible l’industrie lourde, qui pollue massivement et qu’il est difficile de décarboner. Les secteurs concernés sont la sidérurgie, la pétrochimie ou encore la cimenterie, qui utilise du calcaire dont le CO2 est relargué dans l’atmosphère. « Ces émissions représentent 70% des sites industriels cimentiers », explique Alix Bouxin, qui insiste : capter le CO2 est la seule solution de décarbonation pour cette industrie.

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Avec ce premier contrat, TotalEnergies et ses partenaires vont stocker 800 000 tonnes de CO2 chaque année à partir de 2025, puis 1,5 million par an. Un chiffre encore faible comparé aux plus de 40 milliards de tonnes émises chaque année. Aujourd’hui, 0,1% des émissions de CO2 sont captées et stockées chaque année. Il faudrait faire beaucoup plus à l’avenir. « Les scénarios de neutralité carbone nous obligent à capter 50 voire 100 fois plus de CO2 d’ici 2030 », pointe Florence Delprat-Jannaud, responsable du programme captage et stockage du CO2 pour l’IFP Energies Nouvelles. Selon elle, il va falloir accélérer et investir massivement. « On a besoin de sites de captage du CO2, d’énergie pour les faire tourner et des infrastructures de transport de CO2″, énumère-t-elle.

Des associations écologistes dénoncent des procédés de captage du CO2 encore trop polluants

Le Giec estime désormais indispensable de capter du carbone pour atteindre nos objectifs climatiques, tout comme l’Agence Internationale de l’Energie (AIE). Cependant, ces technologies sont contestées par des associations écologistes, qui dénoncent des procédés émetteurs de CO2 et donc contradictoires. Pour éviter ce risque, le captage doit être inclus dans les plans de transition vers la neutralité carbone, rappelle l’ADEME. Les industriels et les pays investissent déjà dans le captage : 10% du budget recherche et développement de TotalEnergie y est consacré et les Etats-Unis ont adopté un plan à 3,5 milliards de dollars en mai dernier. Notamment pour accélérer dans une autre technologie : le captage du CO2 directement dans l’air.

Baptiste Gaborit

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