Le taux de CO2 dans l’atmosphère a battu un nouveau record le mois dernier. Un record depuis que cette concentration est mesurée, c’est à dire 1958, mais aussi une hauteur jamais atteinte depuis plusieurs millions d’années.
« l’augmentation du CO2 liée aux activités humaines est inexorable depuis plusieurs décennies »
Cette concentration est mesurée par un observatoire situé en hauteur sur un volcan à Hawaï. Les scientifiques américains de l’agence nationale océanique et atmosphérique, la NOAA, ont relevé le mois dernier un taux de 419 parties par million de CO2. C’est la plus haute valeur mesurée depuis que cette concentration a commencé à être mesurée, mais ce record ne surprend pas Philippe Ciais, chercheur au CNRS : « on voit quand même que l’augmentation du CO2 liée aux activités humaines est quand même assez inexorable depuis plusieurs décennies (…) Chaque fois que l’on fait monter de 10 parties par millions le CO2 on a un petit pincement au cœur en se disant que ce qu’il reste comme différence est de plus en plus mince pour stabiliser le climat sur les objectifs de l’accord de Paris ».
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419 PPM, cela ne signifie pas grand chose au grand public, mais c’est un taux qui n’avait plus été atteint depuis au moins 3 millions d’années, comme le souligne Gilles Ramstein, climatologue au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement : « la période s’appelait le pliocène, et c’est un climat dans lequel niveau marin est 10 fois plus haut qu’aujourd’hui ». Evidemment, les calottes polaires ne vont pas fondre intégralement en 10, 20 ou 50 ans, mais au niveau actuel des émissions de CO2, le niveau de la mer pourrait augmenter déjà d’un mètre d’ici 2100, une trajectoire climatique qui a explosé en l’espace de seulement deux siècles.
Covid-19 : La baisse d’activité induite par la pandémie n’aura pas permis d’infléchir la courbe
Au rythme actuel, la concentration de CO2 dans l’atmosphère pourrait atteindre 800 PPM à la fin du siècle, soit un taux atteint pour la dernière fois il y a 40 millions d’années. Et ce n’est pas la baisse des émissions de CO2 constatée l’an dernier qui a permis d’infléchir cette courbe, tant elle était faible selon Olivier Boucher, climatologue à l’institut Pierre Simon Laplace : « on a eu une baisse d’activité durant la pandémie, avec une diminution des émissions de l’ordre de 7% (…) mais cette baisse est bien trop faible, il faudrait 50% ou 70% pour qu’on ait un début d’inflexion (…) et il faudrait arriver à la neutralité carbone pour que l’on arrête de battre des records années après années ». Les émissions de CO2, notamment en Chine, sont déjà revenues aux niveaux d’avant crise. L’impact sur les émissions des plans de relance et des investissements dans le développement des énergies bas carbone devra elle être mesurée sur des années.
Baptiste Gaborit