La bataille pour la présidentielle de 2027 commence déjà dans les rangs de la majorité, avec François Bayrou et Edouard Philippe qui s’expriment sur le sujet. Ceux-ci vont devoir arbitrer entre l’héritage du président et le désir d’alternance des Français après 10 ans avec Emmanuel Macron.
François Bayrou et Edouard Philippe commencent déjà à se démarquer d’Emmanuel Macron
François Bayrou s’est dit « prêt » ce dimanche et Edouard Philippe prévient que son parti Horizons désignera son propre candidat. Soyons francs : la bataille pour 2027 est lancée partout. Jean-Luc Mélenchon souhaite passer la main tout en la gardant. Au RN, les candidats à la présidence du parti disent vouloir préparer la victoire de Marine Le Pen. A LR, le favori Eric Ciotti fait campagne pour la tête des Républicains en proposant de désigner Laurent Wauquiez comme champion de la droite dès le début de l’année prochaine. D’une certaine manière, il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Toute campagne présidentielle commence au lendemain de la précédente. Il y a cette fois une nouveauté : c’est l’impossibilité constitutionnelle pour Emmanuel Macron de se représenter. Cela ouvre le jeu dès maintenant et c’est naturellement dans son camp que les ambitions se libèrent.
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François Bayrou et Edouard Philippe se montrent pourtant sévères avec Macron. Le premier l’accusait de vouloir passer en force sur les retraites. Le second lui reproche, sur le même sujet, de ne pas aller assez loin. Hormis l’exception de 2022, une élection nationale se remporte sur un désir d’alternance avec le pouvoir en place. C’est justement parce que l’alternance n’a pas eu lieu en avril qu’elle sera encore plus ardemment souhaitée en 2027. Celui qui voudra succéder à Macron, surtout en appartenant à son camp, devra se démarquer de lui. C’est ce qu’avait réussi Nicolas Sarkozy en 2007, ministre de Jacques Chirac qui avait fait campagne sur le thème de la rupture avec ce dernier.
Edouard Philippe est aujourd’hui l’homme politique le plus populaire en France
Par ailleurs, il faut être attentif à la structuration actuelle de la majorité. Pour son second mandat, Macron rêvait de mettre en place un parti macroniste unique et mettre dans la même maison tous ceux qui le soutiennent. LREM s’est transformée en Renaissance et a intégré Agir, sur sa droite, et Territoires de Progrès, sur sa gauche. Mais il a été contraint de laisser leur autonomie à François Bayrou et Edouard Philippe. Il n’est donc pas étonnant que ces derniers se fassent entendre de la manière la plus détonante. Quant à Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, ils ont fait le choix d’être dans le parti macroniste, en imaginant qu’il valait mieux rester sur le navire amiral que monter seul sur sa petite embarcation. Edouard Philippe a comme avantage d’être le responsable politique le plus populaire en France aujourd’hui mais il n’est à la tête que d’un petit parti charnière. Son pari est que les frontières politiques soient remises en question d’ici à 2027, à commencer par celles de la droite. Si LR adopte une ligne sécuritaire et identitaire avec Eric Ciotti et Laurent Wauquiez, il y a aura un espace politique ouvert pour Edouard Philippe, qui ne sera plus identifié au seul macronisme. Mais ce ne sont encore que des plans sur la comète. François Bayrou dit lui-même qu’il faut être un « zozo » pour penser déjà à la présidentielle. Même s’il le fait…
L'affirmation selon laquelle je m"intéresserais aux élections de 2027 est complètement déplacée et ridicule. J'ai même dit dans cette émission que pour parler aujourd'hui de ce qui va se passer dans cinq ans, avec la crise qui vient, il fallait être "un zozo."
— François Bayrou (@bayrou) October 9, 2022
Guillaume Tabard
