Jean-Luc Mélenchon : Va-t-il vraiment passer le flambeau pour l’élection présidentielle de 2027 ?

ALAIN ROBERT/SIPA

Jean-Luc Mélenchon a déclaré qu’il veut être remplacé à la prochaine présidentielle. Si le leader des Insoumis ne semble pas encore raccrocher les gants, le passage de témoin à LFI se fait de plus en plus probable.

En 2027, date de la prochaine présidentielle, Jean-Luc Mélenchon aura 75 ans

Que ses amis se rassurent, que ses adversaires prennent leur mal en patience : Jean-Luc Mélenchon ne raccroche pas les gants. Quand il dit : « je ne suis pas candidat à la candidature permanente, je souhaite être remplacé », dans un entretien au site Reporterre, il semble d’abord dire que le devoir plus que l’envie a guidé ses candidatures à la présidentielle. Il n’est pas le premier à dire ça ; on n’est pas obligé de le croire plus que les autres. Ensuite, il fait passer cet abandon pour un choix, ce qui est finalement assez naturel. Il en est à trois candidatures, deux fois pas loin des 20 %, mais trois échecs et zéro qualification au second tour – contre deux pour Marine Le Pen par exemple. En 2027, il aura plus de 75 ans. Lui qui défend la retraite à 60 ans, qu’il passe le flambeau serait assez naturel. Mais il feignait déjà de se poser la question en 2022 : il y est quand même retourné.

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Mais il y a peut-être de la sincérité dans ce désir de remplacement. Le mélenchonisme, c’est en fait deux réalités contradictoires. Il s’agit d’abord d’une démarche personnalisée à l’extrême. Vous me direz que c’est le cas aussi du macronisme ou du lepénisme. Mais, sans aller jusqu’à parler de culte du chef, disons qu’il y a dans son parti un aspect de garde prétorienne. Et pour le dire positivement : sans Mélenchon, LFI n’aurait pas existé, la gauche n’aurait pas aujourd’hui 151 députés. Dans le même temps, il faut reconnaître à Jean-Luc Mélenchon d’avoir su promouvoir et faire élire une jeune génération. Les Manuel Bompard, Mathilde Panot, Adrien Quatennens et d’autres qui sont, indépendamment de ce qu’on peut penser de leurs idées, bien formés intellectuellement, compétents et aptes à écrire la suite de l’histoire. Jean-Luc Mélenchon est tout sauf humble, mais c’est en même temps un passeur.

Jean-Luc Mélenchon souhaite éviter une guerre entre ses héritiers

En ouvrant la porte à un remplacement, la famille mélenchoniste, comme les autres clans politiques, pourrait vivre une guerre entre ses héritiers. Jean-Luc Mélenchon en est conscient, c’est pourquoi il avertit ses poulains : « voilà ma consigne, faites-vous aimer. Celui ou celle qui sera le plus aimé du grand nombre, vous verrez que cela vous paraîtra naturel de dire : ‘allez, vas-y !’ ». Ce chantre de la planification ferait presque l’éloge de la sélection naturelle. Mais il est aussi lucide sur la nature humaine. Alors l’avertissement se fait menace : « le premier qui déclenche une guerre civile, il aura affaire à moi ». On n’a pas perdu Mélenchon, le chef est toujours là.

Guillaume Tabard

 

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