Le 11 juin, la motion de censure contre Elisabeth Borne a sans surprise été rejetée. Cette journée au Parlement a tout de même été constructive afin de se rendre compte du peu de soutien que la Nupes a dans l’hémicycle et qu’il faudra compter sur Mathilde Panot, présidente des Insoumis, pour pousser le gouvernement dans ses retranchements.
5 socialistes ont refusé de voter la motion de censure
Sans surprise, la première motion de censure contre Elisabeth Borne a été rejetée. On peut malgré tout retenir 3 enseignements importants de cette journée. Le premier, c’est le côté imposé qui rendait vain l’exercice. On savait que la gauche allait accuser le gouvernement de rester sourd au message des électeurs. On savait que la majorité allait rétorquer que la gauche avait largement été battue aux législatives. On savait alors que la motion de censure serait rejetée.
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Mais malgré tout, et c’est le deuxième enseignement, ce vote que la gauche melenchonisée avait voulu comme une démonstration de force fut plutôt une preuve de sa faiblesse. Le gouvernement n’a peut-être pas de majorité absolue mais hier la Nupes a seulement réuni 146 voix. Auxquelles ni la droite ni le Rassemblement National ne veulent se joindre, mis à part Nicolas Dupont-Aignan. Il y a même 5 socialistes qui ont refusé de voter la censure dont Valérie Rabaut qui est quand même l’ancienne présidente du groupe PS. Il faut parier que les stratèges de la majorité ne se priveront pas d’exploiter ce coin de la gauche lorsqu’ils en auront l’occasion.
Mathilde Panot et Elisabeth Borne ont trouvé leur place au Parlement
Le troisième enseignement est une double confirmation ou une double révélation. Au-delà de leurs positions de fond, l’Insoumise Mathilde Panot et Elisabeth Borne ont brillamment interprété leur partition. A 33 ans, la députée LFI du Val-de-Marne a affiché une incroyable assurance à La Tribune. Avec l’outrance et l’aplomb qui caractérise les élus de la France insoumise. Mathilde Panot préside le groupe et en l’écoutant on se disait que la relève de Jean-Luc Mélenchon était assurée. Elle fera partie du paysage politique pour les années à venir. Quant à la Première ministre, elle affichait de son côté une réelle gourmandise à répliquer aux tenants de ce qu’elle a appelé « l’invective en commun », parodiant allègrement le slogan « l’avenir en commun » des mélenchonistes. La « techno » s’est délectée dans les punchlines. Il est clair qu’elle aussi va trouver sa place au Parlement.
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De plus, ce débat a fait écho à la polémique sur un deal entre la société Uber et Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Economie. Si on ne sait pas encore quelle sera la portée de cette affaire sur le président, il s’en expliquera sans doute après-demain puisque le chef de l’Etat reprend la coutume de l’interview télévisée du 14 juillet. Il est en tout cas certain que la gauche, ayant décidé de faire flèche de tout bois contre le pouvoir macroniste, va exploiter à fond l’impact des mots-chocs comme « deal secret », ou l’image d’Uber qui s’est fortement dégradée dans l’opinion. En effet, le grand poison dans ce genre de polémique, est l’absence de toute contextualisation. Sans instruire tout le dossier, rappelons d’abord que ce n’est pas Emmanuel Macron qui a fait entrer Uber en France. Ensuite, en tant que ministre de l’Economie en 2015, il a effectivement ouvert le marché des taxis à la concurrence. Pourtant, personne ne peut nier que cela a eu un effet positif pour tout le monde, et d’abord pour les clients. Ce qu’on appelle un deal n’est que sa volonté assumée de lutter contre ce qu’il appelait les rentes. Mais évidemment avec le retournement de l’image d’Uber et un mandat où le chef de l’Etat cherche à passer de président des start-up à président protecteur, cette polémique peut laisser des traces.
Guillaume Tabard
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