Législatives : Jean-Luc Mélenchon Premier ministre, est-ce toujours l’objectif de la Nupes ?

HARSIN ISABELLE/SIPA

Jean-Luc Mélenchon se rêvait à Matignon mais au fur et à mesure de la campagne des législatives, la Nupes semble ne plus faire de cet objectif une réalité. L’union de gauche pourrait se satisfaire d’incarner la plus grande opposition face à la majorité.

Jean-Luc Mélenchon a fait mouche auprès d’un électorat lassé de ne plus avoir le droit de rêver

Jean -Luc Mélenchon comme Premier ministre, c’était la grande trouvaille de l’Insoumis pour mobiliser l’électorat. Pourtant après un mois de matraquage, des doutes commencent à s’exprimer au sein de la Nupes. En effet, une bonne idée ne fait pas une élection. Lorsque Mélenchon a inventé le concept de se « faire élire » à Matignon, c’était entre les deux tours de l’élection présidentielle. On peut dire qu’il a eu une bonne intuition. Si certains ont cru dans un premier temps que c’était juste un moyen pour lui de retarder de 2 mois son début de déprime, cela s’est en fait révélé être un levier redoutablement efficace pour faire l’union de la gauche. Mélenchon a su faire mouche auprès d’un électorat lassé de ne plus avoir le droit de rêver.

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Alors il faut préciser que jamais aucun « professionnel de la profession » (élus, conseillers, experts de la carte électorale etc…) n’a cru à ce « storytelling ». Pourtant cela n’avait pas d’importance pour les Insoumis car l’effet était mobilisateur. « Si on explique aux gens qu’on peut gagner, alors ils se déplaceront peut-être massivement. Si on leur dit le contraire, ils resteront à la maison », nous confiait par exemple récemment l’un des proches de Mélenchon. Cet élu de la garde rapprochée du leader Insoumis reconnaît aujourd’hui que l’objectif réel est juste d’obtenir le groupe d’opposition le plus imposant possible.

 

A force de blagues et de tweets Jean-Luc Mélenchon décrédibilise sa nomination à Matignon

En effet avec le temps qui passe l’argument d’une cohabitation a l’air de moins en moins crédible. Les sondages anticipent une abstention supérieure à 50%. Or on sait qu’elle est souvent plus forte encore chez les jeunes et dans les classes populaires, un électorat essentiel pour la Nupes. Si cette tendance se vérifie ce sera bien la preuve que l’argument d’une victoire possible n’a pas pris et que les Français n’ont pas été dupes de la Nupes. « La promesse d’une arrivée de Mélenchon à Matignon est moins mobilisatrice aujourd’hui que fin avril. C’est normal, l’idée commence à s’essouffler après plus d’un mois » reconnaît le directeur de campagne de plusieurs candidats de la gauche unie. Même Mélenchon, à force de blagues et de tweets, notamment lorsqu’il parle d’Elisabeth Borne comme d’un « prédécesseur en CDD de mission d’intérim », donne au slogan des airs de disque rayé. En plaisantant ainsi il passe aux aveux, et semble ne plus y croire lui-même. Or s’il n’y croit pas, pourquoi les électeurs de gauche prendraient-ils la peine de se déplacer ?

David Doukhan 

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