Elisabeth Borne a présenté hier son plan pour la sobriété énergétique du pays. Celui-ci contient des mesures impactant la vie quotidienne des Français sans être trop contraignantes. L’exécutif joue la carte de la pédagogie pour rallier la population à son combat.
Le gouvernement a choisi des propositions concrètes et simples, plutôt qu’un plan trop radical ou abstrait
L’objectif est de parvenir à une réduction de 10 % de la consommation d’énergie en deux ans, condition nécessaire pour éviter des coupures de chauffage ou d’électricité cet hiver. Pour cela, le gouvernement a fait deux choix. Le premier consiste à avancer une somme de propositions à la fois concrètes et limitées, un peu contraignantes sans être inhumaines. Chacun voit concrètement de quoi il s’agit : 19 degrés au lieu de 20, un peu moins d’eau chaude, … Elles concernent l’Etat, les entreprises et les particuliers. Tout le monde prend sa part mais personne ne peut dire qu’il paie pour les autres. Le second choix est un pari risqué : celui de l’incitation plutôt que de l’obligation.
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Ce plan sera bien entendu critiqué, parce que c’est ce qui attend ce genre d’annonces. Il y a une addition de petites mesures « gadgets ». En promettant des gestes concrets et des comportements de base, le gouvernement verse dans l’infantilisation, critique-t-on. Mais si quelque chose de plus radical avait été imposé, on aurait crié à l’écologie punitive. A l’inverse, si le plan avait été plus général et abstrait, son aspect technocratique et loin de la réalité des gens aurait été pointé. L’exécutif doit le savoir : quoi qu’il fasse, ses choix seront critiqués.
Avec la sobriété énergétique, le président veut créer le consensus national et toucher la jeunesse
Le gouvernement a une chance que son plan marche car la sobriété et la recherche des économies d’énergie sont devenu des impératifs partagés. Toutes les administrations, entreprises et collectivités y vont de leurs propres propositions. Je ne sais pas si la communication gouvernementale est convaincante, mais elle peut en tout cas s’appuyer sur des acteurs et une population en grande partie convaincus. Si la Première ministre a présenté ce plan de sobriété, Emmanuel Macron devrait lui-même s’emparer de cette cause dans les jours à venir. C’est son devoir mais aussi son intérêt. Il cherche des occasions de consensus national sur des sujets pas uniquement soutenus par l’électorat de droite. Il veut aussi mobiliser la jeunesse : il a donc tout intérêt à jouer le général en chef de la mobilisation pour la sobriété énergétique. C’est lui qui avait décrété fin août la fin de l’abondance. On lui avait alors reproché un ton alarmiste, il souhaite maintenant faire de la pédagogie. Ce sera l’objet d’une grande émission télévisée à laquelle il participera mercredi soir sur France 2.
Guillaume Tabard