Mis en cause par Sandrine Rousseau, Julien Bayou lui a répondu hier dans Le Monde en dénonçant des pratiques maccarthystes. Lancé par la députée écoféministe, le règlement de comptes chez les Verts se prolonge, sur fond de bataille pour le leadership du parti.
Chez les Verts, on ne dénonce plus des adversaires mais des camarades de parti
La machine infernale est lancée chez les Verts et plus rien ne semble pouvoir l’arrêter. Comme souvent, derrière l’invocation des grands principes, on retrouve des jeux d’ego et de pouvoir. Il y a deux semaines, la députée écoféministe Sandrine Rousseau a balancé le patron de son parti en direct à la télévision, ce qui a forcé Julien Bayou à quitter la direction du groupe EELV à l’Assemblée nationale. Ce départ contraint s’est fait sur la base de témoignages recueillis par une instance interne devant laquelle il n’a pas pu s’expliquer et qui ne font l’objet d’aucune procédure judiciaire à ce jour. Julien Bayou a répliqué hier en dénonçant le maccarthysme de Sandrine Rousseau. Joseph McCarthy, c’était ce sénateur républicain dans les Etats-Unis des années 50 qui dénonçait des communistes sur la base de simples soupçons. Que ce soit vrai ou faux, le mal était fait et les intéressés étaient discrédités et chassés de leurs emplois. On en est là chez les Verts. A la nuance près qu’on ne dénonce plus des adversaires mais des camarades de parti, le tout sur fond de bataille pour le leadership d’EELV. Cela fait longtemps que Rousseau et Bayou sont en rivalité et en conflit.
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Le combat de Sandrine Rousseau est idéologique, politique mais aussi médiatique. Elle est partout, que ce soit sur les plateaux, les matinales et les unes des journaux. Elle sature l’espace afin d’occuper seule le créneau du combat féministe le plus radical. Tant pis pour les contradictions, c’est elle qui a toujours raison parce qu’elle en a décidé ainsi. Elle voit du patriarcat partout, jusque sur les grills du barbecue, mais pas dans le voile islamique que des maris imposent à leur femme.
Avec ces règlements de compte, les Verts se détournent de leur combat principal : l’écologie
Cela ne l’empêche pas d’essayer de voler la vedette dans les manifestations de soutien aux femmes iraniennes qui risquent leur vie en arrachant leur voile à Téhéran. Comme la contradiction est trop flagrante, elle a été sifflée ce dimanche. Au lieu de faire profil bas, elle dénonce le machisme de ceux qui sifflent une femme. Ce qui se passe en Iran est historique, mais l’important à ses yeux est de dénoncer ceux ou celles qui la sifflent. Sans parler des attaques contre Elisabeth Badinter qui a pourtant quelques lettres de noblesse en manière de féminisme, mais pas celui que Sandrine Rousseau juge acceptable. Il ne faut pas sous-estimer l’écho rencontré par ce discours de la radicalité, notamment chez les jeunes. Mais on ne sait pas jusqu’où vont aller ces règlements de compte interne chez les Verts. En traquant le patriarcat partout jusque chez les siens, il y a un mot qui ne semble plus du tout intéresser les écologistes. Un mot tout simple, pourtant : le mot écologie.
Guillaume Tabard