Depuis l’assassinat de Masha Amini il y a 11 jours par la police des mœurs iranienne, les manifestations se multiplient en Iran pour les droits des femmes. Deniz, étudiante de 20 ans, manifeste dans les rues de Téhéran et de Karaj malgré la brutalité de la police des mœurs.
« Chaque fois que je sors dans la rue, je suis morte de peur »
Depuis la mort de Masha Amini le 16 septembre, décédée aux mains de la police pour avoir laissé dépasser des cheveux de son foulard, Deniz manifeste contre le régime à Karaj et à Téhéran. Aux côtés de cette étudiante de 20 ans, des femmes retirent leur voile dans les cortèges et se coupent les cheveux, malgré la brutalité de la police des mœurs. La jeune femme décrit des scènes de guerre où les ambulances sont utilisées pour arrêter les manifestants et où la police vient recueillir leur identité à l’hôpital. « Chaque fois que je sors dans la rue, je suis morte de peur. Vous n’avez aucune idée de ce que c’est de voir un millier de policiers avec des pistolets et des bâtons. Si ça se trouve, je ne reviendrai jamais chez moi », frissonne-t-elle.
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En 15 jours de manifestation, 75 manifestants ont été abattus par la police. « Mes parents sont en colère et ils ont aussi peur car la police arrête énormément de jeunes comme moi ». Certains de ses amis ont été appréhendés et Deniz n’a plus de nouvelles d’eux depuis. Selon elle, la police bande les yeux des manifestantes avec leur hijab pour qu’elles ne puissent pas voir où elles sont emmenées. Alors la jeune femme est extrêmement méfiante : « tu ne peux même pas faire confiance à ton ombre dans la rue. Si tu es arrêtée, c’est la fin de ta vie. Je ne prends même plus mon portable parce qu’ils pourraient directement m’arrêter chez moi s’ils perçoivent le signal ». Malgré la peur et le danger, elle continue de se battre pour un changement de régime : « J’ai réalisé que pendant toutes ces années, notre gouvernement était comme Daesh : ils nous tuent car on veut la liberté et nos droits de femmes. Ce n’est pas ça l’Iran ! », dénonce-t-elle.
Léonard Cassette
Réécoutez le témoignage de Deniz à partir de 01:10