Guerre en Ukraine : L’accueil des déserteurs russes dans l’UE fait débat

Zurab Tsertsvadze/AP/SIPA

Quasiment 6 jours après la mobilisation de 300.000 hommes annoncée par Vladimir Poutine, les déserteurs russes se pressent vers la Géorgie, la Finlande et l’Estonie. De quoi susciter le débat au sein de l’Union Européenne sur l’accueil de ces populations.

L’Estonie refuse l’accueil de déserteurs russes par crainte pour sa propre sécurité

L’exil plutôt que l’armée : ceux qui tentent de fuir la conscription en Russie sont chaque jour plus nombreux. Des milliers de Russes se pressent à la frontière avec la Géorgie et prennent d’assaut les vols vers la Turquie. En Finlande, les gardes-frontières ont recensé plus de 17.000 entrées, soit deux fois que d’habitude. La question préoccupe l’Union Européenne – les ambassadeurs des pays membres se sont réunis hier en urgence à Bruxelles. Si la France, l’Allemagne et l’Italie proposent d’accueillir ces déserteurs, la tonalité est radicalement différente à l’Est et au nord de l’Europe. Dans les pays baltes, il n’est pas question de distribuer des visas aux déserteurs russes. L’Estonie, par exemple, invoque une responsabilité collective des citoyens russes et une menace pour leur propre sécurité. « Il y a même une posture radicale de considérer ces déserteurs comme des soutiens tacites de Vladimir Poutine car ils n’auraient pas manifesté contre lui », détaille Ulrich Bounat, chercheur spécialiste des pays de l’Est. Il rappelle que les minorités russophones en Estonie représentent 15 à 20% de la population, « ce qui n’est pas négligeable ».

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L’Europe occidentale souhaite accueillir les déserteurs et éviter la stigmatisation des Russes

Cependant, cette fermeté pourrait contribuer à mobiliser les Russes derrière Vladimir Poutine, prévient le chercheur Federico Santopinto, spécialiste des questions européennes à l’IRIS. « Si on adopte des politiques qui alimentent la frustration et la stigmatisation des Russes, on pose des bases pour des confrontations futures ». Cette position est reprise par l’Europe occidentale : les pays sont unanimes sur les sanctions mais à long terme, il faut éviter que le pays soit isolé, précise-t-il. Faute d’entente sur les visas, certains observateurs estiment que les 27 pourraient s’accorder sur une aide à la Géorgie et à l’Arménie, deux pays déjà fragiles qui vont accueillir en masse ces déserteurs.

Marc Teddé

Retrouvez le reportage de Marc Teddé à partir de 04:20

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