Guerre en Ukraine : Les référendums d’annexion, une stratégie russe pour stopper la débâcle militaire?

Alexander Ryumin/TASS/Sipa USA/SIPA

8 ans après l’annexion de la Crimée, la Russie s’apprête à étendre son emprise sur l’Ukraine. Alors que la contre-offensive ukrainienne s’intensifie, des référendums d’annexions démarrent aujourd’hui dans 4 régions séparatistes et occupées. Ces scrutins font craindre le pire aux ukrainiens piégés.

« Il n’y a plus rien d’ukrainien à Kherson, c’est comme si nous étions déjà en Russie »

Dans quelques heures, Natsya, 24 ans, deviendra peut-être citoyenne russe. Comme à Louhansk, Donetsk et Zaporijia, Kherson, sa ville, va vivre un référendum d’annexion. C’est une perspective cauchemardesque pour cette habitante qui s’inquiète du comportement futur des occupants : « Va-t-il y avoir encore plus de violence et d’oppression ? », souffle la jeune femme. Ce qui l’effraie particulièrement est l’avenir des hommes de la ville : « je crains que mes proches soient enrôlés de force dans l’armée pour combattre l’Ukraine. Et que se passera-t-il s’ils refusent ? » Pour le reste, explique la jeune femme, la voix tremblante, l’annexion ne changerait sans doute pas grand-chose. « Il n’y a plus rien d’ukrainien à Kherson, c’est comme si nous étions déjà en Russie ». Les habitants sont contraints d’utiliser des passeports russes. « Les russes nous menacent si on n’utilise pas leur monnaie », poursuit Natsya.

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Ceux-ci ont mis en place leurs banques, leur bureau des impôts et leur propre police. Celle-ci est prête à réprimer la moindre tentative d’opposition. « Les russes peuvent s’inviter chez vous à tout moment, inspecter votre portable et même consulter vos messages effacés. Parfois, on les voit amener des opposants à l’annexion jusqu’au poste de contrôle, où il y aurait une sorte de salle de torture », raconte Natsya. Rares sont ceux qui reviennent et beaucoup sont portés disparus. « Il y en a qui sont retrouvés plus tard, noyés, les mains liées », affirme l’ukrainienne. La lueur d’espoir pour Natsya réside dans les combats acharnés que mènent les troupes de son pays pour reprendre la ville.

Si les référendums vont jusqu’au bout, cela pourrait servir les menaces nucléaires de Vladimir Poutine

L’Occident dénonce des « simulacres » de référendums. « Dans ces 4 zones, les pro-ukrainiens sont partis ou se cachent. Il n’y a que les pro-russes qui restent, donc cet exercice supposément démocratique n’a pas de sens », explique Jean de Gliniasty, ancien ambassadeur en Russie et auteur du livre La Russie, un nouvel échiquier. Intégrer ces zones à la Russie rendrait un grand service à la stratégie militaire de Vladimir Poutine. « S’attaquer à ces territoires [nouvellement russes] signifierait attaquer l’Etat Russe et justifierait le recours à l’arme nucléaire », conclut l’ancien ambassadeur.

Rémi Vallez

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