Alors que l’exécutif envisage de faire passer la réforme des retraites cet automne, le doute s’installe après la mise en garde de François Bayrou contre tout « passage en force » sur le sujet.
En utilisant l’expression « passage en force », François Bayrou reprend les arguments des oppositions
L’avertissement du patron du Modem est à la fois logique et contre-productif. En tant que président du Conseil National de la Refondation (CNR), nouveau est déjà décrié, François Bayrou défend logiquement la concertation et le temps long. Si la réforme des retraites se fait en quelques semaines dans le cadre de la discussion budgétaire, cette instance, qui se veut le symbole d’une nouvelle méthode de gouvernement, aura vécu. Laurent Berger, le patron de la CFDT, a déjà dit qu’il claquerait la porte dans ces conditions. Mais en affichant son rejet publiquement, François Bayrou affaiblit son camp. En utilisant l’expression « passage en force », il reprend les arguments des oppositions et place l’exécutif dans une position difficile sur un dossier stratégique.
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Plusieurs mois de concertation sur les retraites pourraient même jouer contre le gouvernement, si le climat social se tend
On saura en fin de semaine si le gouvernement persiste dans sa volonté de mener la réforme rapidement. Mais on peut se demander quel intérêt la majorité aurait à temporiser. Les données du problème sont connues de tous : si rien n’est fait, notre système de retraite sera lourdement déficitaire dans cinq ans à hauteur de 10 milliards par an, selon le Conseil d’Orientation des Retraites (COR). De quoi creuser encore plus un déficit public déjà conséquent. Une réforme des retraites est donc indispensable et elle devra intégrer un report de l’âge légal de départ. Or, les syndicats y compris la CFDT sont vent debout contre cette disposition. Plusieurs mois de concertation n’y changeront rien : cela pourrait même jouer contre le gouvernement, dans la mesure où le climat social pourrait se tendre à cause de la dégradation de la situation économique. Autant d’arguments qui militent en faveur d’une action rapide qui ne serait pas un passage en force, mais plutôt un passage à l’acte sur une réforme trop longtemps différée.
François Vidal