Emmanuel Macron donne aujourd’hui le coup d’envoi de son Conseil National de la Refondation (CNR) à Marcoussis, en Île-de-France. Cet évènement n’est pas particulièrement attendu par la majorité, sauf par Emmanuel Macron lui-même.
Les ministres ne savent pas à quoi sert le CNR et les parlementaires ne raffolent pas d’une initiative qui remet en cause leur pouvoir législatif
Emmanuel Macron attend énormément de cette concertation d’un genre nouveau. Le problème est qu’à ce jour, il est à peu près le seul à en attendre quelque chose. L’idée du CNR est de faire partager des constats par tous les acteurs de la vie publique afin de créer des consensus sur l’école, la santé, l’emploi ou encore la transition énergétique. L’ambition initiale était bien de refonder totalement la manière de débattre et de décider dans la vie publique. Mais les partis d’opposition ont décidé de boycotter le rendez-vous de Marcoussis, qui se tient à huis clos. Plus embêtant, les syndicats aussi. Même dans la majorité, les parlementaires ne raffolent pas d’une initiative qui remet en cause leurs prérogatives législatives. Les ministres eux aussi ont bien du mal à expliquer à quoi va servir et sur quoi va déboucher ce Conseil National de la Refondation. Comme son nom l’indique, il devrait être un acte fondateur d’une démarche nouvelle. La première tâche d’Emmanuel Macron sera de vaincre le scepticisme qui entoure son idée.
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Le chef de l’Etat ne va pas dévoiler des réformes ou détailler son programme d’action dans un discours de politique générale. François Bayrou, le coordinateur du CNR, a dit que son objet serait de dessiner la France des vingt ou trente ans à venir. A priori, il n’y a pas de différence avec le Haut-Commissariat au Plan que François Bayrou préside aussi. Le CNR n’ira pas très loin si ce n’est qu’un outil de communication de plus, isolé. Ce fut le cas avec le Grand débat national lancé en 2019, qui n’a pas débouché sur beaucoup de résultats, et avec la Convention Citoyenne pour le Climat, qui n’a pas laissé que de bons souvenirs, ni au chef de l’Etat ni à ses participants.
Le risque est que le CNR et ses délibérations soient un prétexte pour repousser les réformes à faire
Avec le CNR, on peut même craindre qu’Emmanuel Macron refuse d’agir. Déroulons la séquence depuis six mois : en mars 2022, Emmanuel Macron se déclare candidat, mais son projet est très flou. Il n’y a pas vraiment de campagne, puis il est réélu mais pour passer aux actes, il faut attendre les législatives. Pendant sept semaines, il ne se passe rien. Puis il n’a pas de majorité, donc il ne peut pas embrayer tout de suite. Ensuite, il y a les urgences sur le pouvoir d’achat. A chaque fois, toutes les raisons sont bonnes pour ne pas entamer les véritables réformes. Le risque aujourd’hui, puisque l’objet du CNR sera de lancer des discussions, serait que le CNR soit un prétexte de plus pour dire : on ne peut pas engager les réformes tant que les concertations n’ont pas été menées. Et ainsi de suite, avec à l’arrivée cette même question : mais quand le second mandat d’Emmanuel Macron va-t-il vraiment commencer ?
Guillaume Tabard