« Le grand débat : un besoin de sociabilité » estime Alain Minc

A l’occasion de la sortie de son livre « Voyage au cœur du système », l’économiste Alain Minc était l’invité ce mardi 26 février de la matinale à 8h15.

Le grand débat, l’expression d’un « besoin de sociabilité »

« La manœuvre politique était évidente, mais le résultat est impressionnant : 1 millions de contributions, 10000 réunions : ça traduit un besoin de sociabilité » a expliqué Alain Minc, en estimant que dans une société où « il n’y a plus de lieux de convivialité et où les syndicats sont déliquescents : les gens ont besoin d’une forme d’identification ».

Autre point d’analyse : pour Alain Minc, malgré la défiance généralisée des citoyens envers le système institutionnel, « l’entreprise était la seule institution qui n’a pas été critiquée sur les ronds-points »

Tout en espérant que la montagne n’accouchera pas d’une souris, Alain Minc voit 3 grands axes qui ressortiront de cette concertation nationale : tout d’abord, « des sujets de la vie courante », puis des « réformes institutionnelles » mais surtout des questions économico-sociales plus « compliquées » car elles portent sur des pôles de dépenses « incompressibles » dans le budget des ménages comme l’électricité ou le transport.

CFDT de Laurent Berger : un « extraordinaire syndicat réformiste »

Selon Alain Minc, le grand débat a été l’occasion pour le président de « reprendre langue avec les grands élus : c’est une nécessité absolue. J’espère que la sortie du grand débat permettra d’avoir un dialogue retrouvé avec les syndicats et surtout avec cet extraordinaire syndicat réformiste qu’est la CFDT » conclu-t-il.

La relative bonne santé de l’économie française

L’économiste a rappelé que la France possède « de grands groupes supérieurs aux grands groupes allemands ». Il remarque aussi que : « malgré un taux de prélèvements obligatoires très élevé, l’économie française ne fonctionne pas si mal. Preuve en est que nous aurons une année 2019 bien meilleure que l’Allemagne ».

Questionné sur l’impôt à la source, Alain Minc a reformulé son scepticisme en indiquant « on verra les chiffres de la consommation, on verra si les Français moyens et modestes ont pu dépenser avec 20 % de moins sur la fiche de paie ». Toutefois, il concède à Gérald Darmanin que « l’exercice technocratique a été réussi »

« L’éruptive » Martine Aubry

« Martine Aubry était dans ma promotion à l’ENA. Elle était éruptive. Je me réjouis de voir qu’elle l’est toujours 45 ans après » a ironisé notre invité. En réaction au recadrage, de la ministre de la Santé et de la Garde des Sceaux, Agnès Buzyn et de Nicoles Belloubet, Alain Minc a estimé que cette polémique « n’avait aucun intérêt et que ces 3 femmes de qualité auraient eu maints sujets de discussions ».

La déférence des élites françaises

Dans son livre, Alain Minc souligne le paroxysme inédit de déférence des élites françaises à l’endroit du président actuel. Il remonte au système de cour sous louis XIV pour expliquer cette longue tradition. « Les élites françaises ont été éduquées à la déférence. C’est triste » déplore -t-il

 

Arthur Barbaresi