Jérôme Fourquet, directeur du pôle opinion de l’Institut IFOP, était l’invité de la matinale de Renaud Blanc sur Radio Classique. Après les élections législatives, il constate que c’est la fin du front républicain pour faire barrage aux extrêmes, et parle de la mobilisation des électeurs « anti-Macron ».
Jérôme Fourquet : « il y a un anti-macronisme très présent dans le pays »
Pour Jérôme Fourquet, il faut prendre la mesure de ces dernières législatives, marquées par une abstention record et une forte poussée de l’extrême droite : « c’est un séisme assez spectaculaire », juge-t-il. Il note que la majorité présidentielle, déjà très relative, est composée de députés Modem et Horizons : « dans ces périodes tendues et instables, chacun des leaders de la majorité va avoir à cœur de faire prospérer les intérêts de sa propre chapelle, et aussi régler quelques comptes avec Jupiter qui ne les a pas forcément toujours très bien traités ». Le contexte est en effet difficile pour Emmanuel Macron, dont le parti a perdu 100 sièges en 5 ans. « Il y a un anti macronisme très véhément dans le pays, qui a poussé – même si l’abstention est très forte – une part importante des électeurs, à la fois insoumis et RN, à se mobiliser au premier comme au 2ème tour », pointe Jérôme Fourquet.
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Le RN a fait 19% au 1er tour des législatives
Une mobilisation qui a même permis au RN d’obtenir 89 députés à l’Assemblée nationale, un phénomène que les observateurs n’ont pas vu venir. « Qu’ont loupé les sondeurs et les journalistes politiques ? » interroge Renaud Blanc. Le politologue explique que « médiatiquement et politiquement, on a beaucoup sous-évalué les 42% de Marine Le Pen au 2nd tour de la présidentielle, alors que c’est quelque chose de colossal ». De la même manière, il souligne que le RN a fait 19% au 1er tour des législatives, « 5,5 points de plus qu’en 2017 ». Selon lui, il n’existe plus de front républicain : « historiquement, même quand un candidat RN était bien placé au premier tour, il faisait face à des vents contraires extrêmement puissants au 2ème tour, parce que tout l’arc politique se coalisait sur le candidat qui lui était opposé ». Or c’est terminé aujourd’hui, les candidats du Rassemblement national bien placés au premier tour « ont remporté leur duel dans les mêmes proportions que n’importe quelle formation politique », assure Jérôme Fourquet.
Béatrice Mouedine