Elections en Suède : Les leçons de l’union des droites pour la France

Tim Aro/AP/SIPA

La droite et l’extrême droite ont battu la gauche au pouvoir en Suède. A quelques semaines du scrutin en Italie, lors duquel l’extrême droite devrait aussi s’imposer, les enseignements à tirer pour la droite française – surtout au sujet de son union – sont nombreux.

Le parti d’extrême droite suédois, qui a su rassembler un électoral large, a démontré que le « péril brun » ne signifie plus rien pour les électeurs

Vu de France, les pays scandinaves étaient l’exemple parfait de la social-démocratie où les relations sociales, politiques ou culturelles étaient consensuelles. Il semblerait que les habitants soient revenus de ce modèle. La Suède a été marquée par une très forte poussée de l’immigration d’une population musulmane et son intégration, semble-t-il, a été ratée et a déstabilisé la société. Quand ces questions ne sont pas traitées voire carrément niées, il ne faut pas s’étonner de l’ascension d’un mouvement né à l’extrême droite. Celui-ci, issu d’une droite fascisante comme c’est aussi le cas en Italie, a su évoluer et se normaliser. Il a rassemblé un électorat large et souvent populaire, qui ne ressent pas de filiation idéologique avec l’extrémisme ou le fascisme, comme en France avec le Rassemblement National (RN). Ces exemples prouvent que le vieux et paresseux logiciel contre le « péril brun » ne signifie plus rien pour les électeurs.

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Pour revenir à la Suède, les droites modérées et extrêmes se sont alliées dans l’objectif de gouverner. Cela donnera sans doute des idées à ceux qui prônent « l’union des droites » en France. Les situations ne sont certes pas identiques. En Suède, les Démocrates – nom du parti d’extrême droite – sont devenus la première force de la droite mais ils ne conduiront pas le gouvernement. Même leurs alliés conservateurs – Les Modérés – sont réticents à l’idée qu’ils obtiennent des portefeuilles de ministres. C’est une sorte de demi-dédiabolisation mais il n’y a toujours pas de digue entre les différents partis. Dans quinze jours, les yeux seront rivés sur les élections générales italiennes. Là-bas, l’union va se faire autour du parti issu de l’extrême droite – Fratelli d’Italia – dont la leader Giorgia Meloni sera sans aucun doute cheffe du gouvernement.

Trois raisons empêchent encore toute alliance entre les différents courants de la droite française

Un tel scénario d’alliance entre toutes les droites en France est à ce jour impossible pour trois raisons. Premièrement, Les Républicains (LR) restent dans la doctrine du refus total du RN, sinon du « front républicain ». Et malheur à qui voudrait remettre en cause la digue. Deuxièmement, le RN ne veut pas s’allier avec la droite mais veut la remplacer car sociologiquement, les deux partis n’ont rien à voir. Troisièmement, le seul parti qui veut l’union des droites, à savoir Reconquête d’Eric Zemmour, est encore trop faible et trop marginal pour favoriser la moindre recomposition. Mais il y a un paradoxe. A LR et au RN, 100 % des dirigeants sont contre toute alliance mais environ la moitié de leurs électeurs sont pour. Après ce qui s’est passé en Suède et avec ce qu’il se passera en Italie, vous verrez que la question sera au moins remise sur le tapis.

Guillaume Tabard

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