Mario Draghi : Un possible départ en forme de catastrophe économique pour l’Italie

Mario Draghi, le Premier ministre italien, a présenté sa démission le 14 juillet avant de la voir être refusée par le président de la République du pays. Désavoué par une coalition parlementaire, la nouvelle posture fragilisée de l’ancien président de la Banque Centrale Européenne est une mauvaise nouvelle pour l’économie transalpine.

Mario Draghi fragilisé par le refus d’un texte voulant aider les familles et les entreprises face à l’inflation

L’Italie est en mauvaise posture économique, et bascule ces dernières heures dans une de ces crises politiques dont le pays a le secret. Elle s’était trouvé un homme providentiel en la personne de Mario Draghi. Mais le 14 juillet, se retrouvant sans majorité, il a présenté sa démission de la tête du gouvernement. Cette proposition a été refusée par le président de la République italienne. En effet, depuis février de l’an dernier, le gouvernement italien tire sa légitimité d’une large coalition parlementaire hétéroclite. Elle va de la gauche à l’extrême droite en passant par les centristes et la droite libérale. A l’approche des élections prévues l’année prochaine, les considérations politiques l’emportent. C’est pourquoi le Mouvement 5 étoiles (Movimento 5 Stelle), qui fait partie de la coalition, a décidé de boycotter un vote de confiance sur le texte d’un décret-loi discuté au Sénat. Ce texte portait sur des mesures d’environ 23 milliards d’euros pour aider les familles et les entreprises face à l’inflation. Ce désaveu a donc grandement fragilisé Mario Draghi.

A lire aussi

 

La perspective du départ de Mario Draghi risque de provoquer une grave crise de confiance des investisseurs

Ainsi, dans la soirée du 14 juillet, il a présenté sa démission au président Mattarella qui l’a rejetée. Le chef du gouvernement devra demander le 20 juillet la confiance des parlementaires. S’il ne l’obtient pas, de nouvelles élections législatives pourraient être organisées. Ce possible départ de celui qu’on a surnommé « Super Mario », le sauveur de l’euro il y a 10 ans, est alors également vécu comme une catastrophe économique. En effet, l’instabilité politique en Italie n’est pas nouvelle. En trois-quarts de siècle le pays a connu 67 gouvernements. Le problème est que la chute de celui de Mario Draghi interviendrait dans un environnement économique miné par l’inflation, la crise de l’énergie, les incertitudes géopolitiques et la dérive des comptes publics. La présence de Mario Draghi, ancien patron de la BCE, à la tête du gouvernement italien rassure les investisseurs. La perspective de son départ risque de provoquer une grave crise de confiance. Dès hier, les premiers stigmates sont apparus car la Bourse de Milan a cédé 3%. Les taux obligataires italiens se sont brusquement tendus, illustrant la fébrilité qui gagne les salles de marchés.

Eric Mauban 

Retrouvez les Infos du jour