Le Conseil Consultatif National d’Ethique (CCNE) a jugé favorablement mardi une « aide active à mourir ». En parallèle, Emmanuel Macron a annoncé le lancement d’une convention citoyenne pour débattre de la fin de vie. Si le débat sera intéressant, la décision d’entériner l’euthanasie semble déjà actée.
Compte tenu de la pression émotionnelle qui accompagne le sujet, le débat sur la fin de vie promis par Emmanuel Macron sera de courte durée
Il y a quelques années, le CCNE s’était déjà prononcé sur l’euthanasie : il avait rendu un avis défavorable. Depuis, François Hollande en avait modifié la composition en y nommant des personnes favorables à une évolution sur la fin de vie. Le feu vert donné hier était donc prévisible. Des opinions contraires ont certes été exprimées au sein de l’avis exprimé, qui est limité : il ne mentionne que des situations extrêmes comme certaines maladies incurables. Cependant, c’était le feu vert attendu par les partisans d’une légalisation de l’euthanasie active et du suicide assisté. Cela va évidemment colorer la suite des débats. En lançant cette convention citoyenne, Emmanuel Macron certifie que rien n’est tranché d’avance. Il promet qu’il ne cherchera pas à peser dans la décision, même s’il ne cache pas son inclinaison personnelle pour le modèle belge, qui a conduit à beaucoup de dérives.
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L’Elysée a fait un long communiqué hier pour insister sur la nécessité d’un débat approfondi et serein, de l’écoute de tous les points de vue. Il prévient qu’une évolution législative n’aura lieu que « le cas échéant ». Mais compte tenu de la pression émotionnelle, on voit bien qu’ouvrir le débat signifie anticiper sa conclusion. En effet, après avoir dit dans son communiqué que ce débat prendra « tout le temps nécessaire », le chef de l’Etat fixe déjà le point d’arrivée avant la fin de l’année 2023. Line Renaud, l’égérie des pro-euthanasie, a même écarté le reste des doutes dans Le Parisien : « le président est favorable à une loi, il me l’a dit ». Et l’Elysée n’a pas démenti.
Les débats menés à la fois dans la convention citoyenne et au Parlement pourraient s’assembler ou bien se gêner
La Parlement aura une place dans ce processus et c’est un changement par rapport à la Convention Citoyenne sur le Climat. A l’époque, les parlementaires s’étaient sentis contournés et méprisés par cette assemblée de citoyens tirés au sort. D’autant qu’Emmanuel Macron s’était engagé à reprendre toutes ses conclusions « sans filtre ». Avec la convention sur la fin de vie, Macron ne dit plus « sans filtre », et surtout, il décide de mettre en place un travail parallèle mené par les sénateurs et les députés. Est-ce que les deux consultations vont s’assembler ou, au contraire, se cumuler ? Dans la foulée de la proposition de loi d’Olivier Falorni, la présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet entend bien faire du Parlement le fer de lance d’une assemblée sociétale, comme l’appellent ses partisans. Quant aux garde-fous que l’on met dans cette loi, on peut les supprimer progressivement en les présentant comme une entrave à un droit. Pendant quelques mois, le débat sera sans doute intéressant mais la réponse finale ne fait guère de doute.
Guillaume Tabard