Euthanasie : Michel Houellebecq prend position

ActuaLitté/Flickr

Michel Houellebecq publie une tribune dans le Figaro dans laquelle il s’oppose à l’euthanasie. L’Assemblée nationale examinera jeudi 8 avril un texte sur une fin de vie libre et choisie, plus de 3000 amendements ont été déposés, c’est le moment choisi par l’écrivain pour prendre position.

Michel Houellebecq estime qu’on peut vivre sans dignité, et que la compassion est une sorte de baratin

Proposition 1, écrit Michel Houellebecq : « Personne n’a envie de mourir. On préfère en général une vie amoindrie à pas de vie du tout parce qu’il reste de petites joies. Proposition 2, poursuit-il : personne n’a envie de souffrir physiquement. La souffrance morale a ses charmes, on peut en faire un matériau esthétique ce dont je ne me suis pas privé. La souffrance physique n’est rien d’autre qu’un enfer dénué d’intérêt. A peu près tout le monde, placé devant une alternative entre une souffrance intenable et la mort choisit la mort ». Mais il y a selon Houellebecq une proposition n°3 : « on peut depuis l’invention de la morphine éliminer la souffrance physique ». L’omission de ces trois constats, selon l’écrivain, explique les sondages effarants en faveur de l’euthanasie. Puis Houellebecq balaie les formules de compassion et de dignité. Pour lui la compassion c’est une sorte de baratin. Quant à la dignité, on peut vivre sans, lui vieillissant, bientôt sans cheveux, sans dents, les poumons en lambeaux, en est la preuve très vivante.

 

A lire aussi

Michel Houellebecq : « Lorsqu’une société, une civilisation, un pays en vient à légaliser l’euthanasie il perd à mes yeux tout droit au respect »

Les religions catholique, musulmane ou juive pour leur part perdront la bataille et se résigneront à l’euthanasie. « Leurs imams », écrit Michel Houellebecq « leurs prêtres et leurs rabbins accompagneront les futurs euthanasiés en leur disant que là, c’est pas terrible mais que demain sera mieux et que même si les hommes les abandonnent, Dieu va s’occuper d’eux. Reste les médecins, sur lesquels », dit-il, » j’avais fondé peu d’espérance. Il est indéniable que certains d’entre eux résistent. Je ne sais pas d’où leur vient ce courage, peut-être le respect du serment d’Hippocrate « je ne remettrai à personne du poison si on m’en demande, ni ne prendrai l’initiative d’une pareille suggestion ». Et l’auteur de Cul de sac conclut sa tribune ainsi : « Lorsqu’une société, une civilisation, un pays en vient à légaliser l’euthanasie il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient dès lors non seulement légitime, mais souhaitable de le détruire afin qu’une autre société, une civilisation ait une chance d’advenir ». Voilà une curieuse fin que cette tribune de Houellebecq, celui qui s’oppose à l’euthanasie n’hésite pas à proposer l’euthanasie des sociétés qui s’y adonnent. Mais Houellebecq n’est pas à un paradoxe près.

David Abiker

 

 

Retrouvez l’actualité du Classique