On la croyait enterrée mais la réforme des retraites fait son grand retour. Emmanuel Macron a annoncé hier devant la presse présidentielle son intention de lancer ce chantier sans attendre, au risque de rendre explosive une rentrée minée par l’inflation et les craintes de pénurie d’énergie.
Si rien n’est fait, les pertes afficheront 10 milliards d’euros en 2027
Cette fois-ci, c’est sans doute la bonne. Après avoir beaucoup hésité depuis un an, le chef de l’Etat semble enfin décidé à lancer la mère de toutes les réformes. Et il veut aller vite, puisque l’exécutif vise une entrée en vigueur de la réforme l’été prochain. C’est politiquement courageux, voire suicidaire selon certains, étant donné la fronde que risque de provoquer ce projet. Mais c’est économiquement impératif : le rapport publié hier par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) en témoigne. Si rien n’est fait, notre système de pension replongera dans le rouge l’an prochain et ne cessera de creuser ses pertes d’ici à 2032. Dans cinq ans, celles-ci pourraient atteindre 10 milliards d’euros, puis le double cinq ans plus tard. C’est un luxe que les finances publiques, déjà largement déficitaires, ne peuvent absolument pas se permettre.
A lire aussi
Le gouvernement veut tendre la main à la CFDT en promettant de garantir la justice sociale dans sa réforme des retraites
Il faut encore pouvoir vendre une telle réforme aux partenaires sociaux et à l’opinion publique. D’abord, le chef de l’Etat veut en faire le vecteur de la transformation du pays : c’est-à-dire la source de financement des investissements massifs que nous allons devoir consacrer à la transition écologique, l’école ou la santé. Puisque les caisses sont vides, il faut les remplir en faisant travailler les Français plus longtemps. L’autre nouveauté est la main tendue aux syndicats réformistes et tout particulièrement à la CFDT. L’idée est de prolonger la vie au travail en utilisant un cocktail de mesures pour garantir de la justice sociale dans le système des retraites. En clair, le report de l’âge de départ ne serait donc qu’un outil parmi d’autres et on tiendra mieux compte des carrières longues. L’idée a de quoi rouvrir le débat, pas forcément d’emporter l’adhésion. Mais le pari vaut à coup sûr d’être tenté.
François Vidal