Le Medef juge qu’il n’y a pas urgence à réformer les retraites. Geoffroy Roux de Bézieux, son président a été très clair sur le sujet hier. Un changement de pied qui a de quoi surprendre alors que jusqu’ici le patronat jugeait cette réforme prioritaire.
Le Medef prend le risque de l’enterrement de la réforme des retraites
Dans cette affaire, le Medef fait preuve d’un grand pragmatisme. Face à la montée des nombreux périls que représentent les difficultés d’approvisionnement et de recrutement auxquels il faut ajouter l’envolée des coûts de production dans le sillage de la flambée des prix de l’énergie, et désormais l’impératif de sobriété imposé par le gouvernement, ils préfèrent éviter le risque d’une crise sociale. Exit donc pour le moment la mère des réformes et cap sur celle de l’assurance-chômage, moins explosive et surtout plus bénéfique à court terme, puisqu’en réduisant la durée d’indemnisation des chômeurs, on peut espérer réduire les tensions actuelles sur le marché du travail.
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Pour le patronat, il ne s’agirait que de reculer pour mieux sauter les retraites. L’idée serait seulement de renvoyer ce chantier compliqué à des jours meilleurs. Le problème, c’est qu’il y a toujours une bonne raison de ne pas faire la réforme des retraites. En militant pour son report à un horizon indéterminé, le Medef prend donc le risque de l’enterrement d’un projet, dont les syndicats ne veulent déjà pas entendre parler. Il s’évite aussi un débat, dans la mesure où ses propres adhérents ne sont pas tous sur la même longueur d’onde sur le sujet. On sait pourtant combien repousser l’âge de départ à la retraite serait nécessaire pour l’économie de notre pays, d’abord pour équilibrer dans la durée les comptes de nos régimes de pension et pour réduire le poids de notre modèle social sur des finances publiques largement déficitaires. Au moment où la remontée des taux d’intérêt s’enclenche, ce serait un devoir de s’emparer de ce sujet, plutôt que d’attendre de devoir le faire sous la contrainte.
François Vidal