Quel serait le bilan pour les finances publiques d’un relèvement de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans ? C’est à cette question que le Conseil d’orientation des retraites (COR) répond dans un rapport rédigé à la demande de la CFDT, fermement opposée à cette mesure.
Le rapport du COR ne prend pas en compte les externalités positives
Ces travaux sont instructifs, mais ils méritent aussi d’être remis en perspective. Ils ne se limitent pas à la simple mesure de l’économie réalisée par les régimes de retraite grâce à un report de l’âge légal de départ, soit environ 14 milliards d’euros pour une retraite à 64 ans. Sauf qu’il s’agit en réalité d’un gain brut. Selon le rapport, cette réforme aurait des coûts cachés. Elle provoquerait fatalement une hausse des dépenses sociales du fait de l’allongement des carrières et aussi une augmentation des allocations chômage en raison de l’accroissement de la population active à hauteur de 5 milliards d’euros, soit un tiers de l’économie réalisée.
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Ces calculs devraient apporter du grain à moudre à tous ceux qui estiment qu’une réforme des retraites aurait plus d’inconvénients que d’avantages. Mais 9 milliards d’euros d’économies annuelles, ce n’est pas rien, c’est près d’un demi-point de PIB environ. Ensuite, le rapport du COR ne prend pas en compte ce que les économistes appellent « les externalités positives » d’une telle réforme , comme les cotisations supplémentaires payées par des actifs invités à travailler plus longtemps. Enfin et surtout, il est plus que probable qu’un relèvement de l’âge de départ s’accompagnerait de mesures favorisant l’emploi des seniors, un des points faibles du marché du travail français. Emmanuel Macron a d’ailleurs déjà indiqué que pour lui, une réforme des retraites intégrerait forcément une réflexion sur le travail de cette population. En clair, le gain réel d’un report de l’âge légal de départ reste à évaluer. Mais une chose est sûre, il serait bien plus important que les 9 milliards d’euros annuels avancés par le rapport.
François Vidal