Pénurie de carburant : La grève chez TotalEnergies est-elle justifiée ?

istock

De plus en plus de stations-services sont à court de carburant en France. La bonne nouvelle, c’est que la situation va s’améliorer. La mauvaise c’est que cela pourrait prendre quelques jours au mieux, mais on ne peut pas exclure plusieurs semaines de tensions.

Les stations-service prises d’assaut par des conducteurs ayant peur de manquer de carburant

Ce dimanche 9 octobre, la situation commençait à être très tendue. Officiellement, à 15h, seulement un petit tiers des stations manquaient d’au moins un carburant, mais on était à 20% la veille, ce qui signifie que cela empire rapidement. Dans certaines régions, on est déjà à plus d’une station sur deux à sec, c’est le cas dans les Hauts-de-France et en région parisienne. Comme nous avons tous un comportement un peu moutonnier, comme tout le monde a peur de manquer, on fait des pleins de précaution. Il y a aussi ceux qui ont rempli des bidons en prévision également de la fin de la ristourne de TotalEnergies fin octobre. On consomme collectivement beaucoup plus que d’habitude et on vide les cuves.

A lire aussi

 

La situation pourrait s’améliorer. Une fois qu’on aura tous rempli nos réservoirs, on n’aura pas besoin de les remplir à nouveau dans l’immédiat. Le gouvernement a commencé à puiser dans les réserves stratégiques, qui nous permettront de tenir une centaine de jours. Les camions citernes ont également l’autorisation de rouler ce week-end pour réapprovisionner les stations. Enfin, la moitié de notre consommation est couverte par des importations, or on importe davantage. Et puis, dernier espoir, TotalEnergies, le principal raffineur français dont presque toutes les raffineries sont à l’arrêt, a accepté hier d’ouvrir dès maintenant des négociations salariales pour 2023.

Les grévistes de TotalEnergies veulent obtenir 10% d’augmentation de salaire

Est-ce que cela va suffire à lever les mouvements de grève ? Les négociations salariales étaient en tous les cas une des revendications des grévistes. Mais ils sont en position de force et ils ne veulent pas que négocier, ils veulent aussi obtenir au moins 10% d’augmentation. Et franchement j’espère que sur ce front, ils ne vont pas obtenir gain de cause, car ça ne serait pas raisonnable. C’est vrai qu’il y a de l’inflation, c’est vrai que TotalEnergies gagne beaucoup d’argent. Mais une partie de l’inflation ne sera peut-être pas durable.

A lire aussi

 

 

Deuxièmement, TotalEnergies a besoin d’argent pour investir et pour récompenser ses actionnaires, et on ne sait pas ce que seront les bénéfices dans les années qui viennent, or on ne baissera pas les rémunérations si les bénéfices baissent. Et puis enfin, il faudrait que les ouvriers des raffineries arrêtent de nous faire pleurer. Certes il y a du travail de nuit et une forme de pénibilité mais quand on additionne le salaire, les primes, l’intéressement, les salariés des raffineries gagnent autour de 5.000 euros par mois, plus de 60.000 euros par an. Il y a pire comme prolétariat. Et ils ont déjà obtenu via les accords de branche au moins 4% d’augmentation pour l’an prochain (6,7% pour les moins bien payés) après plus de 3,5% en début d’année. On n’est pas chez Zola.

David Barroux

Retrouvez toute l’actualité Economie