Netflix : Un abonnement à bas prix avec de la publicité, la solution pour relancer le géant du streaming ?

DAINA LE LARDIC/SIPA

Netflix vient de lever le voile sur sa nouvelle offre, un abonnement 30% moins cher mais qui inclut des coupures publicitaires. Le géant américain du streaming se renouvelle pour retrouver la croissance, même si ce pari pourrait éloigner ses clients.

La nouvelle offre impose 4 minutes de publicité par heure de streaming

Début novembre, vous aurez le choix. Vous pourrez garder l’abonnement classique sans publicité qui va de 9 à 18 euros en fonction du nombre d’écrans et de la qualité de l’image. Vous pourrez aussi choisir la nouvelle offre avec de la pub à 6 euros. C’est 30% de moins que l’offre la moins chère, mais en échange, vous devrez accepter des spots publicitaires avant de voir une série – on appelle ça un pré-roll – et vous serez interrompus une fois dans 85% des programmes. Au maximum, Netflix s’engage à ne pas dépasser les 4 à 5 minutes par heure contre 9 minutes en moyenne à la télévision et il n’y aura pas de publicité pour les comptes destinés aux enfants.

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Netflix lance cette offre car le temps de la croissance facile est passé pour le roi du streaming. Sur le dernier trimestre, leur base d’abonnés a un peu chuté pour la première fois. Cela veut dire deux choses : la croissance n’est pas garantie et même si elle revenait, Netflix a peut être atteint un plateau. Il y a de plus en plus de concurrence et c’est difficile de passer de 200 à 250 millions d’abonnés. C’est pourquoi il faut maintenant aller chercher des ménages au pouvoir d’achat sans doute plus contraint. Proposer une offre moins chère et essayer de compenser le manque à gagner par de la publicité n’est peut-être pas une mauvaise idée.

Netflix prend le risque que trop d’abonnés à l’offre classique fuient vers la nouvelle offre

Mais il y a quand même une part de risque : Netflix, qui ne partage pas beaucoup d’informations, va être obligé d’être un peu plus transparent avec les annonceurs. On en saura ainsi plus sur le succès réel de la plateforme. Cette offre inédite sera aussi un peu moins agréable pour l’utilisateur et cela peut peser sur son image. Ensuite, il y a un risque d’auto-cannibalisation. Il ne faut pas que les abonnés de l’offre chère fuient massivement vers l’offre bon marché. Mais Netflix fait deux paris. Le premier est de vendre ses espaces publicitaires beaucoup plus cher aux annonceurs que les spots télévisés, en faisant la promesse qu’ils auront plus de données pour bien identifier les consommateurs. C’est un pas vers la publicité ciblée.

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Le deuxième pari est le durcissement des règles sur le partage des mots de passe. Certains consomment des films et des séries avec le code de papa ou d’un copain. Avec cette nouvelle offre, ce partage ne fonctionnera plus si les clients n’habitent pas sous le même toit. Ainsi, ceux qui sont privés d’accès iront peut-être souscrire un nouvel abonnement. Enfin, la bonne nouvelle pour Netflix est que presque tous ses concurrents – Disney, HBO et d’autres – vont aussi lancer des services en partie financés par de la pub.

David Barroux

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