Alexander Makagonov, porte-parole de l’ambassadeur de Russie en France, était l’invité de la matinale sur Radio Classique. Les civils ukrainiens n’ont pas été visés par les bombardements russes de la veille, affirme-t-il. Il fustige en retour l’attitude guerrière de l’Ukraine, qui mènerait des « attentats terroristes » et bombarderait intentionnellement les civils des régions limitrophes à la Russie.
« Le président Poutine et ses décisions sont soutenues par 75% de Russes »
Hier, plusieurs villes ukrainiennes se sont réveillées sous une pluie de bombes russes, « une suite logique des évènements de ces dernières semaines » selon le porte-parole de l’ambassade russe en France Alexander Makagonov. Ce sont les infrastructures énergétiques, les objets de gestion militaire et de communication ukrainiens qui étaient visés et pas les civils selon lui. Le bilan provisoire des frappes [19 morts et 105 blessés selon les services d’urgence ukrainiens] est contesté par le porte-parole : « il ne faut pas prendre n’importe quel chiffre du régime de Kiev comme véridique ». Il se défend en citant « des bombardements réguliers des régions limitrophes russes comme le Donbass », une centaine de frappes « rien que la semaine dernière selon le FSB [services de renseignements russes] » et « 14.000 morts depuis la guerre civile de 2014 », sans citer de sources. L’armée ukrainienne, adepte des « attaques terroristes », viserait sa propre population dans les quartiers résidentiels selon lui. Pendant les référendums d’annexion contestés, il affirme que des frappes sont venues perturber le déroulement des votes, « l’expression suprême de la volonté du peuple ». Au sujet des attaques de la centrale nucléaire de Zaporijia dans le sud-est, dont les deux parties s’accusent mutuellement, Alexander Makagonov assure que l’Ukraine est responsable. Cette nuit, plusieurs frappes ont touché la ville de Zaporijia, 4 jours après de similaires attaques menées par le Kremlin.
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Le porte-parole balaye les « spéculations » sur les fragilités de l’armée russe et du régime Poutine, après plusieurs déconvenues comme l’explosion du pont de Crimée ou le naufrage du croiseur Moskva. « Le président Poutine et ses décisions sont soutenues par une majorité écrasante des Russes, entre 75 et 80% », partage-t-il. Il vante aussi la nomination de Sergueï Sourovikine, nouveau commandant en chef de la guerre « très expérimenté ». Le « régime néonazi » de Kiev est mis en cause par l’ambassadeur, qu’il accuse d’avoir depuis 2014 « rebaptisé toutes les rues des plus grandes villes du pays avec des noms de collaborateurs ukrainiens » et d’instaurer « des marches aux flambeaux ».
La Russie est prête à discuter mais le Donbass est « non-négociable » selon le porte-parole
La Russie est attachée à la négociation et à l’apaisement du conflit et les craintes d’attaque nucléaire sont totalement infondées, s’insurge-t-il. La « guerre nucléaire » n’est pas « dans la tête » de Vladimir Poutine selon lui : « le mot nucléaire et le mot guerre et leur combinaison sont un tabou absolu en Russie ». Dans son allocution du 30 septembre, le président russe aurait « appelé Kiev à cesser toute hostilité et à revenir à la table de négociation ». Rétrocéder le Donbass est « non-négociable », mais de toute façon « l’Europe et l’Occident en général ont oublié le mot diplomatie et ne pense qu’à la guerre », regrette-t-il. Les Etats-Unis « participent déjà à cette guerre » avec la fourniture d’armement et de renseignements, ce qui ne rapproche pas de la paix selon lui. Il fustige aussi la rhétorique « émotionnelle » de l’Ukraine qui fait « monter les enchères », en réponse à l’accusation d’être un « Etat terroriste » formulée hier par l’Ukraine à l’ONU. Quant à Volodymyr Zelensky, « il ne montre aucune volonté politique aux négociations » selon Alexander Makagonov.
Clément Kasser