Le général Jérôme Pellistrandi, rédacteur en chef de la Revue Défense nationale, était l’invité de la matinale sur Radio Classique. Le fiasco se poursuit au sein de l’état-major russe, dépassé par l’offensive ukrainienne et les redditions en cascade de ses troupes selon le général. Il note aussi que les Ukrainiens se dépêchent de regagner du terrain avant l’hiver.
Face aux redditions de Russes, l’Ukraine souhaite montrer qu’elle respecte les droits des combattants
Alors que la contre-offensive ukrainienne se poursuit, le doute s’installe dans les plus hautes sphères du régime russe, « jusqu’au premier et deuxième cercle de Vladimir Poutine » selon le général Jérome Pellistrandi. Celui-ci constate « un effondrement et une décomposition du système militaire russe » qui énerve les ultranationalistes. Si l’Ukraine arrive à regagner du terrain, c’est parce qu’elle est passée d’un « modèle soviético-russe » – en 2014, son commandement avait été formé dans les écoles soviétiques – à un « modèle occidental », avec la livraison d’armements de pays de l’OTAN et l’adoption de « l’agilité du système intellectuel de commandement occidental », explique le général. L’armée de Volodymyr Zelensky tire aussi profit des blindés russes qu’elle a capturés. De l’autre côté, la Russie déploie des chars obsolètes – notamment des T-62 « comme l’année 1962 » – mais le général constate aussi qu’une grande partie de son aviation n’a pas encore été engagée.
A lire aussi
Concernant les vidéos de redditions de soldats russes qui circulent sur Internet, le général Pellistrandi invite à la prudence et à vérifier ces images. Quoi qu’il en soit, la mobilisation des conscrits reste un « fiasco épouvantable ». « Ces hommes doivent se débrouiller pour avoir une trousse de santé et pour s’équiper », relate-t-il. Ces abandons de poste représentent un enjeu de communication pour l’état-major ukrainien, poursuit-il, qui souhaite montrer que l’Ukraine « s’inscrit dans le respect des droits du combattant et des conventions de Genève ».
Pour reprendre Kherson, les Ukrainiens veulent éviter un choc frontal avec l’armée russe
Reprendre Kherson sans en faire un « Marioupol inversé » est l’objectif actuel des Ukrainiens, affirme le général. L’offensive ukrainienne le long du Dniepr veut effectivement isoler la garnison russe et l’inciter à se rendre plutôt qu’à générer un massacre de plus. « Le paradoxe de l’histoire, c’est que c’est un Stalingrad inversé qui se prépare », redoute-t-il. L’hiver et le gel approche, ce qui incite l’Ukraine à « gagner un maximum de terrain avant le ralentissement des opérations ». L’automne sera aussi compliqué : « les manœuvres se feront dans des plaines boueuses, ce qui complique l’avancée des chars », remarque-t-il.
A lire aussi
Non seulement l’annexion de la centrale nucléaire de Zaporijia par un décret de Vladimir Poutine n’a « aucune valeur juridique », mais elle est aussi le signe d’un « complexe notarial très curieux » du Kremlin selon le général. « On a l’impression que les Russes essayent d’entériner des actions de fait avec des décrets ». La centrale, à l’arrêt, ne devrait pas faire courir de risques au pays. Mais « quid des techniciens ukrainiens qui effectuent la maintenance de la centrale ? », interroge-t-il. S’ils s’exilent, la situation pourrait se compliquer, d’où la nécessité de « rester prudent quant aux risques nucléaires », selon le général.
Russian soldiers drive up to #Ukraine??positions with a white flag tied to their tank and get out and surrender.pic.twitter.com/NZUFDX4Adr
— David Patrikarakos (@dpatrikarakos) October 5, 2022
Clément Kasser