Le journal L’Opinion fait sa une sur les chiffres qui font peur concernant l’armée française. Si elle devait se déployer dans un engagement majeur, elle pourrait ne pas être à la hauteur.
L’armée française pourrait se déployer sur un front très restreint
Jean-Dominique Merchet, qui signe ce dossier, reprend les méthodes de calcul utilisées par l’état-major de l’armée de Terre. Les chiffres qu’il obtient indiquent notamment que, dans le modèle militaire français, « une brigade de 6000 hommes et 1500 véhicules blindés tient 20 km de front », sachant qu’actuellement la France a la capacité de déployer un corps d’armée d’infanterie de 25 000 soldats. Le calcul est simple : 6000 hommes pour tenir 20km, ça fait donc 83 km avec 25 000 soldats. Cela veut dire que si demain l’armée française était déployée dans un engagement majeur de « haute intensité », comme en Ukraine en ce moment, elle ne pourrait tenir qu’un front très restreint correspondant à la distance entre 2 villes comme Lille et Dunkerque ou Strasbourg et Mulhouse.
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« L’invasion de l’Ukraine a été un vrai point de bascule »
Un constat inquiétant, conséquence de la transformation depuis 30 ans de l’armée française en une « force expéditionnaire », c’est-à-dire très légère, mobile et donc adaptée aux nombreuses opérations extérieures auxquelles elle a participé mais pas à des engagements « de masse ». Or, comme le reconnaissent certains hauts-gradés, alors que l’armée française vivait dans un relatif confort opérationnel, « l’invasion de l’Ukraine a été un vrai point de bascule ». Rien ne dit, selon Jean-Dominique Merchet, que lors de la discussion au Parlement au début de l’année prochaine de la nouvelle loi de Programmation militaire pour la période 2024-2030, il faille s’attendre à des bouleversements majeurs dans la doctrine militaire française.
Philippe Gault