L’armée russe contrainte de recruter dans les prisons, selon le général Pellistrandi

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Le général Jérôme Pellistrandi était l’invité de Renaud Blanc dans la matinale de Radio Classique, ce 2 septembre 2022. Après 6 mois de guerre en Ukraine, « de haute intensité », il décrit une armée russe aux abois.

80 000 soldats russes sont « hors de combat », selon le Kremlin

La guerre en Ukraine est entrée dans son 7ème mois et s’inscrit dans la durée : la Russie a conquis 20% de l’Ukraine, mais n’avance plus. Quant aux Ukrainiens, même s’ils résistent bien, ils ne sont pas en mesure pour l’instant de repousser l’armée russe. C’est ainsi que Jérôme Pellistrandi a décrit la situation sur le terrain en ce tout début du mois de septembre. Les pertes sont lourdes, explique le général : « les Russes parlent de 80 000 soldats hors de combat, c’est-à-dire morts, blessés, ceux qui sont prisonniers ou qui ont déserté ». C’est un chiffre « énorme, mais réaliste », insiste le militaire. Le camp ukrainien évoque une perte de 10 000 soldats tués, « on peut estimer les blessés à 30 000 », assure Jérôme Pellistrandi. Il faut ajouter à ces chiffres ceux des victimes civiles, dont 400 enfants morts depuis le début de la guerre.

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« Les Russes n’avaient pas prévu une guerre aussi forte », assure le général Pellistrandi

Il évoque un conflit « de haute intensité, avec des pertes de vies humaines importantes » et « une génération sacrifiée, celle des 20/30 ans ». Ces soldats amputés et marqués par la guerre existent dans les deux camps : « on le voit moins, bien sûr, du côté russe, mais cela aura un impact profond sur la société ». Ce conflit qui s’enlise est particulièrement pesant pour les Russes, « qui n’avaient pas du tout prévu une guerre aussi forte ». Cela a entraîné de nombreuses désertions, « car le moral est faible du côté russe. Les soldats se rendent compte que cette guerre ne sert pas à grand-chose », précise Jérôme Pellistrandi, alors que « du côté ukrainien, même si c’est dur à encaisser, il y a un moral d’acier, une volonté de résister, ce qui n’est pas le cas dans les unités russes qui s’épuisent et s’interrogent ». Le général explique même que l’armée russe fait face à un tel manque de soldats qu’elle est « obligée d’aller recruter dans les prisons ». Les prisonniers peuvent s’engager pour 6 mois en échange d’une libération. « Il faut reconnaître qu’entre la prison russe et le front ukrainien, les conditions sont peut-être préférables sur le front », explique Jérôme Pellistrandi.

Béatrice Mouedine

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