Emmanuel Macron commence ce jeudi 25 août une visite de 3 jours en Algérie, alors que le pays fait partie des 10 plus gros producteurs de gaz. Un élément clé dans un contexte de pénurie énergétique liée à la guerre en Ukraine, même si les capacités du pays vont très vite trouver leurs limites, comme le souligne Kader Abderrahim, invité de la matinale de Radio Classique.
Les liens d’Alger avec Moscou interrogent dans le contexte de la guerre en Ukraine
« C’est une visite importante, compte tenu du poids de l’histoire entre les deux pays », assure Kader Abderrahim, politologue spécialiste du Maghreb, maître de conférence à Sciences Po Paris et directeur de recherche à l’Institut de prospective et de sécurité en Europe. Au micro de François Geffrier, le chercheur est longuement revenu sur les liens entre la France et l’Algérie, avec en toile de fond la question de la mémoire. Un dégel des relations est-il possible ? Selon Kader Abderrahim, « on peut relever un certain nombre de gestes importants, symboliques depuis Jacques Chirac, en passant par Nicolas Sarkozy, François Hollande et Emmanuel Macron ». « Des gestes qui n’ont pas apaisé du côté d’Alger », note François Geffrier. Parmi les sujets abordés lors de cette visite du président français, les aspects sécuritaires dans une région où les groupes djihadistes prospèrent. « C’est un dossier qui sera forcément en haut de la pile », assure Kader Abderrahim, qualifiant l’Algérie de « citadelle assiégée » avec des pays très instables à ses frontières.
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La Russie est un allié important de l’Algérie, notamment sur le plan militaire
Or en cas de coopération militaire, la proximité d’Alger avec Moscou dans le contexte de la guerre en Ukraine soulève de nombreuses questions, mais le pays ne choisit pas, explique le politologue : « la Russie est un partenaire et un allié [de l’Algérie] extrêmement important, notamment sur le plan militaire, et la France reste un partenaire incontournable sur les plans économiques, commerciaux et de défense. L’Algérie est pragmatique ». Justement, à propos de la pénurie énergétique liée à la guerre en Ukraine, la France est-elle venue chercher du gaz en Algérie ? C’est ce qui se dit alors que l’Italie vient de passer un contrat avec Alger pour 4 milliards de mètres cubes de gaz. Toutefois, les capacités du pays ne sont pas infinies, tient à souligner Kader Abderrahim. Même si l’Algérie fait partie des 10 plus gros producteurs mondiaux, elle est aujourd’hui à son maximum de production, avec 100 milliards de mètres cubes de gaz. « Ses capacités aujourd’hui vont très vite trouver leurs limites », précise le chercheur, « parce que les installations sont assez obsolètes, ce qui nécessite un effort d’investissement important. Et politiquement, l’Algérie peut-elle se permettre donner son gaz à un partenaire exclusif ? Je ne le crois pas ».
Béatrice Mouedine