Mort de Gorbatchev : « Un héros en occident, un anti-héros en Russie », décrit Christian Makarian

UN Geneva

Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l’URSS, s’est éteint mardi 30 août à l’âge de 91 ans en Russie. Décrit comme un homme d’action par Christian Makarian, journaliste spécialiste de la Russie, il a aussi « subi » la fin de l’URSS, a-t-il assuré au micro de Guillaume Durand, dans la matinale de Radio Classique.

« Si Gorbatchev a eu un trait de génie politique, c’est bien celui de mesurer à quel point l’URSS avait décroché »

« Ce qui a aidé à la libération de la Russie ? Les Beatles ! » : cette déclaration de Mikhaïl Gorbatchev, recueillie personnellement par Guillaume Durand, illustre bien ce qui s’est alors produit en Russie. Le journaliste du Point Christian Makarian confirme en effet que l’ex-dirigeant soviétique a « suivi le mouvement très profond et qui a tout emporté ». Il explique que l’URSS avait atteint un niveau « d’inefficacité extrême et de décalage » par rapport aux autres états. « Si Gorbatchev a eu un trait de génie politique, c’est bien celui de mesurer à quel point l’URSS avait décroché », poursuit le journaliste. L’essentiel du budget allait à l’époque vers l’armée, qui n’en finissait plus de combattre en Afghanistan. Une guerre au résultat « absolument catastrophique », pointe Christian Makarian, « avec plus de 15 000 morts et qui – comme par hasard – en 1989 a coïncidé avec la chute du mur de Berlin ».

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Il fait d’ailleurs le parallèle avec l’actuelle guerre en Ukraine, dans laquelle l’armée russe est embourbée, selon plusieurs observateurs. Dans ce contexte de difficultés économiques, les Russes aspiraient alors à la vie occidentale, et Gorbatchev a su accompagner le phénomène : « c’était un véritable homme d’action, il a décidé d’amplifier le mouvement qui existait indépendamment de lui ». Sa situation était très paradoxale, décrit Christian Makarian : « il a servi de héros en Occident et d’anti-héros en Russie ». L’actuel président russe Vladimir Poutine a en effet qualifié la fin de l’URSS de « catastrophe géopolitique, la plus grave crise du 20ème siècle ». Aujourd’hui encore, souligne le journaliste du Point, « quand vous êtes en Russie, Gorbatchev n’a pas une très bonne image auprès de l’opinion publique russe ».

Béatrice Mouedine

 

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