L’ancien diplomate Gérard Araud était l’invité de Renaud Blanc ce mercredi 23 février sur Radio Classique. Réagissant à la crise en Ukraine, et aux récentes sanctions occidentales contre la Russie, L’ex-ambassadeur de France aux Etats-Unis assure que Vladimir Poutine garde ouvertes les options militaires.
Les sanctions, un « aveu d’impuissance », selon Gérard Araud
La décision de Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance de deux républiques pro-russes du Donbass en Ukraine a entraîné des sanctions contre la Russie. Les pays occidentaux ont ciblé des banques russes, des élus, des militaires et des oligarques. Un « aveu d’impuissance » selon Gérard Araud. L’ancien diplomate va même jusqu’à qualifier les sanctions de « cache-sexe de l’impuissance », expliquant n’avoir jamais vu un pays vraiment changer de politique face à des restrictions imposées par l’extérieur. Il estime que cela profite plutôt au pouvoir en place, « dans ce cas aux oligarques qui font du trafic ». Les intentions de Vladimir Poutine sont limpides, selon Gérard Araud, il veut « à l’évidence revenir sur l’effondrement de l’URSS », rappelant que le maître du Kremlin a déclaré que « l’effondrement de l’Union soviétique était la plus grande catastrophe géopolitique de l’Histoire ».
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Gérard Araud suggère que Vladimir Poutine pourrait aider les séparatistes du Donbass à conquérir l’ensemble de la province
Selon Gérard Araud, il a ainsi décidé d’envahir une province de l’Ukraine, « pays dont il nie l’existence », de manière très traditionnelle. Quelle solution alors ? L’ancien diplomate estime que la seule voie possible pour aider Kiev serait d’envoyer des armes ou des soldats, « or, l’Occident a bien fait savoir qu’il ne se battrait pas pour l’Ukraine ». Gérard Araud, auteur du livre « Henry Kissinger, le diplomate du siècle » (Tallandier), estime qu’on peut avoir « une lecture optimiste de la crise, en se disant qu’il n’a fait que reconnaître la réalité sur le terrain, puisqu’il contrôle déjà ces territoires via ses marionnettes ». Une vision qu’il juge biaisée : « il a dit avoir reconnu ces provinces dans leurs limites officielles, or, les deux états séparatistes de Lougansk et Donetsk ne contrôlent que 40% du Donbass, donc que va-t-il faire ? ». L’ex-ambassadeur suggère que Vladimir Poutine pourrait les aider à conquérir l’ensemble du territoire.
Béatrice Mouedine