Espace : L’Europe pourrait organiser des vols habités « avant la fin de la décennie », affirme le PDG d’Arianespace

UPI/Newscom/SIPA

Stéphane Israël, PDG d’Arianespace, était l’invité de Guillaume Durand ce matin sur Radio Classique. S’il concède que le calendrier d’Ariane 6 a été un peu perturbé, il affirme aussi que l’Europe continue d’afficher ses ambitions spatiales et envisagerait des vols habités d’ici la fin de la décennie.

Amazon a acheté 18 fusées Ariane 6, c’est sans précédent

Le vol inaugural de la fusée européenne Ariane 6 est repoussé au dernier trimestre 2023, confirme ce matin le PDG d’Arianespace Stéphane Israël. Lancé en 2014, le projet accuse un retard dans l’essai de l’étage supérieur de l’engin. « C’est très complexe et des éléments de réparation ont pris plus de temps que prévu. On fait maintenant ce qu’on voulait faire cet été », précise Stéphane Israël. De même, le groupe spatial attend encore la livraison du logiciel pour « se faire rencontrer la fusée et le pas de tir [la zone de lancement] ». Le PDG refuse de parler d’impasse technique et rappelle que le carnet de commandes de la fusée est déjà rempli. « En mars, Amazon nous a acheté 18 fusées [Ariane 6], c’est sans précédent et la preuve qu’on est en train de changer d’ère », promet-il.

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« J’ai l’intention que Thomas Pesquet fasse le premier vol habité européen » lance Stéphane Israël

Interrogé sur la concurrence de l’Agence Spatiale Européenne (ESA) avec les Etats-Unis et surtout avec Elon Musk, première fortune du monde dont les ambitions spatiales ne connaissent aucune limite, Stéphane Israël insiste sur la différence entre les deux modèles : « en Europe, nous n’avons pas de milliardaires qui financent le spatial et nous avons des moyens publics moins importants ». Les vols habités, objectif phare d’Elon Musk, sont aussi hors de portée des Européens, la faute à des choix politiques dans les années 90 selon lui. Mais l’Europe se réintéresse au sujet, assure-t-il : « Avant la fin de la décennie, s’il y a une volonté politique, on pourra voler depuis la Guyane [base de lancement de Kourou]. Et j’ai bien l’intention que Thomas Pesquet fasse ce premier vol habité ». Il fustige ceux qui « rêvent de Mars comme planète de secours » et martèle que « l’espace doit d’abord servir à mieux vivre sur Terre ». Actuellement, environ 5.000 satellites opérationnels sont en orbite : ils sont « vitaux » pour notre quotidien, rappelle le PDG d’Arianespace, que ce soit pour la météo, la télévision, le GPS ou la surveillance de l’environnement. « Et on a besoin de fusées Ariane pour lancer ces satellites ».

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L’espace s’est démilitarisé et un cadre juridique empêche strictement toute guerre des étoiles. « Mais ça reste un espace de souveraineté », remarque-t-il, à l’heure de la guerre en Ukraine. Les Russes et leurs lanceurs Soyouz ont certes un budget largement inférieur aux Américains, mais ils restent un acteur important dans l’espace. Les satellites militaires de télécommunication et d’observation sont d’ailleurs un enjeu du conflit selon Stéphane Israël : Kiev et Moscou peuvent s’observer mutuellement depuis leurs satellites. Quant à la France, elle a créé un « commandement de l’air et de l’espace » pour se doter d’une stratégie militaire « intégrale », se félicite-t-il. « On va bientôt lancer notre propre satellite de télécommunication pour nos armées, le Syracuse 4B « .

Clément Kasser

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