La France met la pression sur Arianespace en demandant à notre champion des fusées de rattraper son retard sur Space X.
Bruno Le Maire a fixé une ambition et une méthode
Hier, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie était en visite sur l’un des sites industriels normands d’ArianeGroup et il a adressé plusieurs messages. D’abord, il a rappelé à quel point il était fier de la réussite d’Ariane. Il a aussi expliqué à quel point il était stratégique pour la France et l’Europe de soutenir notre industrie spatiale. C’est une vraie question de souveraineté. Mais le ministre, qui a promis que la France allait continuer d’investir massivement pour soutenir cette filière, n’a pas eu que des compliments puisqu’en creux il a aussi reconnu que la France avait sous-estimé Elon Musk et son projet SpaceX. Aujourd’hui, la France est en retard.
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En fait, Bruno Le Maire a fixé une ambition et une méthode. L’ambition c’est que d’ici 2026 on doit être capable nous aussi de disposer comme SpaceX , d’un micro-lanceur réutilisable, c’est-à-dire une fusée qui pourra revenir sur terre, être rechargée et repartir. Cela doit permettre d’être à la fois plus économe mais aussi plus rapide car il n’y aura pas besoin de reconstruire à chaque fois. Cela doit nous permettre d’être plus compétitif. Et pour atteindre cet objectif, qui est déjà une réalité chez SpaceX qui dispose d’une grosse fusée réutilisable, la France compte sur ArianeGroup mais pas seulement. Les pouvoirs publics ont aussi décidé de soutenir des startups. Même si elles ne deviendront sans doute pas aussi grosses que SpaceX, elles peuvent jouer un rôle. Elles peuvent prendre des paris plus risqués qu’un acteur installé comme Ariane qui a besoin d’être très fiable.
Space X est un fournisseur de la NASA
Les startups peuvent aussi travailler en collaboration avec notre industrie existante. L’idée est de combiner un sérieux historique jugé parfois un peu bureaucratique et prudent avec un esprit d’entrepreneurs. Cela peut marcher car on possède des cerveaux. On aura des entrepreneurs et de bonnes idées mais il ne faut pas être naïf. Si SpaceX marche si bien c’est aussi et surtout parce que l’Etat américain lui commande pour des milliards de dollars de fusées par an. SpaceX ce n’est pas une entreprise publique mais c’est un fournisseur de la NASA qui rentabilise ses projets sur le marché des commandes publiques, ce qui lui permet derrière de casser les prix sur le marché des commandes privées.
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Si on veut qu’Ariane s’en sorte, il faut de bonnes fusées. Il ne faut pas passer à côté des innovations comme les lanceurs réutilisables, les mini-lanceurs et les constellations de satellites. Mais il faut surtout que l’Europe s’engage à la fois en finançant Ariane, qui est un projet européen et pas que Français, et qu’elle privilégie la solution européenne pour ses lancements institutionnels. Ça ne servira à rien d’avoir des fusées si derrière on préfère demander à SpaceX de mettre en orbite nos satellites. Ariane doit être au rendez-vous mais les grands clients étatiques européens aussi.
David Barroux