Emmanuel Macron à Rome : Les raisons de sa rencontre inattendue avec Giorgia Meloni

Alessandra Tarantino/AP/SIPA

Hier soir, Emmanuel Macron et Giorgia Meloni se sont rencontrés à l’improviste à l’occasion d’un déplacement à Rome. Malgré les divergences avec la nouvelle cheffe d’Etat, Emmanuel Macron veut montrer qu’il peut travailler avec chaque dirigeant européen.

La rencontre avec Giorgia Meloni a été précipitée par l’investiture de celle-ci

L’occasion de ce déplacement romain est une grande conférence sur la paix organisée par la communauté catholique Sant’Egidio avec laquelle le chef de l’Etat a noué des liens forts. Emmanuel Macron en a profité pour aller voir le Pape ce matin, pour la troisième fois depuis son élection en 2017. Hier soir à Rome, il a aussi rendu visite à la nouvelle présidente du conseil italien, Giorgia Meloni. Cette rencontre n’a pas été annoncée parce qu’elle n’était pas prévue – et pour tout dire, pas vraiment désirée. La ligne de la gagnante des élections italiennes n’est pas vraiment celle d’Emmanuel Macron. La dirigeante de Fratelli d’Italia ne l’avait pas épargné durant sa campagne. Après sa victoire, des responsables gouvernementaux français ont affiché leurs doutes, notamment sur le respect de l’état de droit. Emmanuel Macron ne voulait pas se précipiter pour adouber celle qui a fait gagner les droites italiennes. Mais un argument de poids a fait pencher la balance. Jusqu’à samedi, l’Elysée expliquait que les deux ne pouvaient pas se rencontrer parce que Giorgia Meloni n’a pas encore été officiellement désignée. Or, il y a une accélération du calendrier. Le président Sergio Mattarella l’a investi samedi et celle-ci a formé aussitôt son gouvernement.

Les sujets évoqués ont été ceux qui rassemblent plutôt que ceux qui divisent

Puis, dimanche matin, la presse italienne a annoncé que les deux chefs de l’exécutif allaient se voir à Rome. L’entourage du chef de l’Etat n’était pas ravi par cette information, qui semblait forcer la main au président français. Ainsi, la confirmation n’a été faite qu’à la toute dernière minute. Mais refuser de voir la nouvelle patronne italienne aurait été une humiliation et aurait provoqué un incident diplomatique. Emmanuel Macron veut au contraire afficher sa volonté et sa capacité à travailler avec tous les dirigeants européens choisis par leurs électeurs. La photo a eu lieu : Giorgia Meloni peut être contente. Un accord a été affiché sur l’Ukraine : Emmanuel Macron peut être satisfait. Les sujets évoqués ont été ceux qui rassemblent plutôt que ceux qui divisent. Il aurait quand même été paradoxal que ceux qui s’inquiètent pour la démocratie en Europe ne prennent pas acte d’un choix démocratique dans une des pays fondateurs de l’Union.

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Vendredi, à l’occasion d’une rencontre avec des évêques français, le Pape a parlé en termes inquiets de l’euthanasie. On ne sait pas encore si le sujet a été abordé avec le président français, mais a priori, les deux hommes sont restés dans la tonalité du colloque d’hier, à savoir le dialogue interreligieux comme condition pour construire la paix. Ils ont probablement parlé de l’Ukraine, dont Emmanuel Macron a parlé au colloque de Sant’Egidio en disant que la paix ne pouvait être ni la loi du plus fort, ni un simple cessez-le-feu qui consacrerait un état de fait. A l’appui de cette thèse, sachez que le président Macron a offert tout à l’heure au Pape une édition originale du Projet de paix perpétuelle de Kant.

 

Guillaume Tabard

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