Jean Castex va prendre la tête de la RATP, a confirmé l’Elysée. Le choix de l’ancien Premier ministre est habile car il est susceptible de surmonter l’obstacle de la majorité relative à l’Assemblée nationale. Avec le Sénat, celle-ci a le pouvoir de valider ou non cette nomination.
Avec une majorité relative, la nomination de proches du pouvoir est plus complexe
La nomination de Jean Castex à la tête de la RATP est le choix du président parce que ce pouvoir lui revient. Mais ce n’est pas le fait du prince, dans la mesure où cette nomination n’a rien d’automatique. Je vous rappelle que depuis la révision constitutionnelle de Nicolas Sarkozy en 2008, ce type de nomination à la tête d’organismes, autorités ou entreprises publiques ne sont effectives qu’après ratification par les commissions des assemblées. D’abord, les prétendants sont auditionnés. Ils ne doivent pas recueillir plus de 60% de votes contre. Sous un régime de majorité absolue pour le parti au pouvoir, c’était au fond une simple formalité. Mais avec une majorité relative, c’est une toute autre histoire. Cela oblige le Président de la République à choisir des personnalités capables d’être acceptées au-delà de son seul camp. Est-ce que ce sera le cas de Jean Castex ? On peut le penser. Voilà en tous cas le premier cas concret depuis l’élection de la nouvelle Assemblée.
La nomination de Jean Castex à la tête de la RATP serait une aubaine
En général, un occupant de Matignon était dans la politique avant d’être nommé et veut continuer dans ce domaine après avoir exercé cette fonction. Et pourquoi pas penser à l’étape d’après, à savoir l’Elysée, comme pour Edouard Philippe. Jean Castex est un peu différent. Même s’il était maire de Prades, ce n’était pas un politique au sens classique du terme. Et il a toujours dit qu’après Matignon il ne voulait pas redevenir ministre ni briguer un mandat parlementaire, malgré le fait qu’il n’a « que » 57 ans. Ce n’est pas l’âge de la retraite. Il s’est toujours affiché en serviteur de l’Etat, sur la préparation des Jeux Olympiques d’abord puis sur le déconfinement et le reconfinement. Ainsi, que quelqu’un qui a été chef du gouvernement prenne la présidence d’une grande entreprise de service public n’est pas incongru. C’est même une juste reconnaissance pour lui et une aubaine pour la RATP.
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Parmi les haies à franchir, il fallait s’assurer de l’absence d’incompatibilité et de conflits d’intérêts. C’est ce que vérifie la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) créée par François Hollande. C’est la déontologie à la française. Pour éviter les conflits d’intérêts, un ancien ministre des Transports peut s’occuper de tout, sauf de transports. Mieux vaut aller dans un secteur qu’on ne connaît pas du tout que mettre en œuvre des compétences acquises dans un ministère. L’ex-ministre des Transports Jean-Baptiste Djebbari et de l’Agriculture Julien Denormandie en ont fait l’amère expérience. Jean Castex, lui, a franchi l’épreuve de la HATVP : il a le droit d’aller à la RATP. A condition de ne pas négocier avec un ministre qu’il a eu sous son autorité, comme l’actuel chargé des Transports Clément Beaune.
Courage @JeanCASTEX .. c’est vendredi ! pic.twitter.com/GSnmTs1yq9
— Le R (@leRleAir) September 16, 2022
Guillaume Tabard