3 sénateurs de la Commission des lois ont remis un rapport incitant à l’utilisation de la reconnaissance faciale en France, notamment durant les Jeux Olympiques de Paris 2024. Cette suggestion relance le débat sur une technologie pouvant s’avérer primordiale pour la sécurité de l’Etat mais questionne sur le respect des droits fondamentaux des citoyens.
Une technologie facile à déployer et très fiable qui permet de retrouver des criminels
Le débat sur les technologies de reconnaissance faciale en France pourrait bien être relancé. Quand on parle de reconnaissance faciale en France, on bascule tout de suite dans la peur du « Big Brother ». C’est la crainte d’une surveillance permanente et généralisée. Le citoyen qui n’a rien à se reprocher serait fiché et tracé. Ce serait une vraie restriction de nos libertés. Pourtant on ne peut pas nier qu’il existe des problèmes de criminalité et que les menaces terroristes sont toujours présentes. Or, des technologies faciles à déployer et très fiables, permettent de reconnaître, de suivre et de retrouver des criminels. La technologie peut donc servir d’arme de dissuasion ou d’outil pour la police. On ne peut évidemment pas totalement ignorer ces solutions.
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Le débat est en train de resurgir car 3 sénateurs de la Commission des lois viennent de remettre un rapport. Dans ce document, ils préconisent l’ouverture d’une phase d’expérimentation. Ils ne disent pas qu’il faut tout autoriser définitivement partout mais incite à tester pendant 3 ans dans certaines zones et sous certaines conditions la reconnaissance faciale. En somme, ils veulent qu’au moins pendant les Jeux Olympiques de Paris 2024, on puisse dans ou autour des stades, tester certaines solutions.
La CNIL incite à la prudence sur l’utilisation de la reconnaissance faciale
Savoir si ces sénateurs ont raison, relève plus du débat philosophique et éthique, qu’économique. On est dans une situation où on risque de surveiller 99% des gens qui n’ont jamais rien à se reprocher pour limiter la capacité de nuisance d’une infime minorité. C’est déjà un problème. Le second c’est qu’on connaît le risque. On le voit en Chine, il suffit que l’Etat devienne arbitraire pour que l’on bascule dans la surveillance politique qui cherche à réduire toute forme de contestation. Ce n’est pas parce que le risque n’existe pas aujourd’hui, qu’il n’y a pas un risque de dérives. Si on a des caméras et de la reconnaissance faciale, on l’utilisera pour un crime de sang mais que fera-t-on pour les voleurs de vélos ? Aujourd’hui, il y aurait une tendance à vouloir tester ces technologies pour qu’elles opèrent juste dans certaines zones sensibles et non pas à l’entrée de tous les immeubles ou des stations de métro. Peut-être faut-il se dire que l’utilisation devrait être essentiellement a posteriori. Cela servirait donc plus pour résoudre des crimes que pour les empêcher. Pourtant, il faut comprendre la prudence de la CNIL qui redoute le potentiel d’une surveillance généralisée. On vit dans un monde déjà de plus en plus numérique. Avec nos smartphones, notre usage sur les PC et toutes les caméras, on laisse déjà beaucoup de traces partout. C’est peut-être assez.
David Barroux