La marche contre la vie chère de la NUPES, à l’initiative de LFI, a donné un bon coup de projecteur à l’union de la gauche. Le soulèvement populaire attendu n’était pas au rendez-vous mais le gouvernement craint tout de même les mouvements sociaux dans les raffineries et les transports publics cette semaine.
Selon la police et le cabinet indépendant Occurence, il y a eu 30.000 participants
Qu’ils aient été 140.000 comme le prétendent les organisateurs ou 30.000 comme le dit la police, la manifestation de la gauche a été un succès mais pas un raz-de-marée. Passons sur la sempiternelle querelle de chiffres. Celui brandi par LFI est incontestablement excessif : le cabinet indépendant Occurrence, peu suspect d’être vendu au pouvoir macroniste, donne le même chiffre que la police. Ensuite, pourquoi ce besoin de gonfler à ce point les chiffres quand la réalité suffit à prouver que le contrat est rempli ? Il faut reconnaître que Jean-Luc Mélenchon est le seul aujourd’hui à pouvoir faire descendre autant de monde dans la rue. Il pourrait d’autant plus se réjouir que les syndicats n’avaient pas voulu le suivre et que les autres acteurs de la Nupes avaient commencé par être dubitatifs avant de monter dans le train. Mais pour le chef de file de LFI, ce n’est pas assez. Dans sa mystique révolutionnaire, il a toujours besoin de se dire qu’il est en train de faire l’histoire et de provoquer une bascule. Mais réussir une manifestation ne signifie pas provoquer un soulèvement populaire. Même avec le renfort médiatisé de la nouvelle prix Nobel Annie Ernaux, la gauche qui défile reste minoritaire. Pour les mélenchonistes ce fut un bel après-midi, pas le grand soir.
Ce n’est pas le 49.3 sur le budget qui pèsera sur le climat social mais les grèves qui se poursuivent
Sur TF1 hier soir, Elisabeth Borne s’est plu à démentir la prévision de Jean-Luc Mélenchon selon laquelle l’article 49.3 serait dégainé pour le budget ce lundi. Ce ne sera donc pas aujourd’hui, mais la Première ministre joue sur les mots dans la mesure où il n’y a aucun suspens sur le recours à cette arme parlementaire dans les prochains jours. Le vrai soulagement pour l’exécutif est ailleurs. Il a été apporté non pas par le leader insoumis mais par Marine Le Pen qui a assuré sur BFM TV que le RN ne voterait pas la motion de censure qui sera déposée par LFI. Ce qui veut sans doute dire qu’en retour, LFI ne votera pas la motion de censure du RN. Chacun la sienne et donc chacun son échec. A l’arrivée, ce n’est pas le 49.3 sur le budget qui pèsera sur le climat social.
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En revanche, Elisabeth Borne ne peut pas contrôler le mouvement social qui se poursuit dans les raffineries et qui s’étend aux transports publics mardi. Sur TF1 hier soir, la Première ministre est apparue bien démunie. A part répéter que chacun doit reprendre le travail, elle en est réduite à espérer que les réquisitions décidées à la fin de la semaine dernière produisent rapidement leur effet. Mais ni elle ni personne ne peut prévoir un desserrement ou un durcissement de la situation. Pour le pouvoir, Jean-Luc Mélenchon est prévisible, mais le mouvement social reste imprévisible. C’est la vraie hantise du gouvernement : soit la question est réglée dans la semaine, soit on plonge dans l’inconnu. Avec ou sans Mélenchon.
Guillaume Tabard