RN et LFI : Comment la majorité renonce à la diabolisation pour gouverner

Alain ROBERT/SIPA

Aux yeux de la majorité, le RN et la France insoumise ne font pas partie de l’arc républicain. Mais pour pouvoir gouverner, la majorité doit rendre le cordon sanitaire plus perméable, comme le prouve un match de football caritatif organisé le 28 septembre.

Le 28 septembre, les députés RN Julien Odoul ou Alexandre Sabatou feront des passes aux élus macronistes et insoumis

Le 28 septembre, un évènement qui peut paraître anodin – mais ne l’est pas du tout – va avoir lieu. Devant la Tour Eiffel, l’équipe de France de l’Assemblée nationale va affronter une sélection d’anciennes gloires tricolores comme Robert Pirès ou Christian Karembeu. La rencontre aura lieu pour le compte d’une association caritative, contre le cyberharcèlement. Mais la nouveauté est que des députés RN comme Julien Odoul ou Alexandre Sabatou feront des passes aux élus macronistes, républicains et insoumis sur la pelouse du stade Emile Anthoine. L’équipe sera effectivement composée d’élus de tous bords et c’est la première fois que le RN est convié à ce genre d’initiatives. Avec leur étiquette de premier parti d’opposition, les amis de Marine de le Pen sont désormais incontournables. En considérant leurs deux postes de vice-présidents à l’Assemblée, leur implantation dans le paysage institutionnel ne fait plus de doute.

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L’exécutif balance entre deux stratégies : ignorer ou dialoguer avec les contestataires

Quid de la France insoumise ? Le pouvoir se refuse officiellement à frayer avec les mélenchonistes. Mais dans la pratique, le gouvernement a envoyé plusieurs ministres aux universités d’été de LFI. Il a même reçu leurs députés au ministère de l’Economie et des Finances à Bercy pour plancher en amont sur le projet de loi de finances. Enfin, c’est un macroniste pur jus, David Amiel, qui copréside avec Manuel Bompard, fidèle de Jean-Luc Mélenchon, la mission d’information sur les superprofits. La diabolisation a du plomb dans l’aile et l’exécutif balance entre deux stratégies : montrer qu’il est dans le camp de la raison face aux contestataires ou qu’il est viscéralement ouvert au dialogue avec le RN et LFI. Ce sont deux postures difficiles à concilier, voire contradictoires : la castagne ou bien le compromis. Mais les macronistes n’ont guère le choix : s’ils veulent sortir indemnes de la session parlementaire qui s’ouvre en octobre, ils devront jouer sur tous les tableaux.

Marcelo Wesfreid

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