Annie Ernaux a reçu ce jeudi 6 octobre le Prix Nobel de Littérature. C’est la première Française a être récompensée, ce que salue la presse nationale ce matin. L’écrivaine engagée à gauche revendique préférer le réel à la fiction.
Jean-Luc Mélenchon salue le prix Nobel à Annie Ernaux : « on en pleure de bonheur »
Trois quotidiens nationaux consacrent leur une à Annie Ernaux. Pour La Croix, elle « écrit la vie ». L’Humanité affiche à sa une « L’Evénement », titre d’un livre d’Annie Ernaux adapté au cinéma par Audrey Diwan l’an dernier, et qui a reçu le Lion d’Or à la Mostra de Venise. Même manchette pour Libération qui consacre pas moins de 7 pages de panégyrique à cette « femme de l’être ». Dans ce grand dossier, on peut lire une dizaine de témoignages, tous élogieux, d’auteurs, de sociologues, de philosophes et autres cinéastes sur ses engagements féministes, sociétaux mais également politiques. Jean-Luc Mélenchon, qui a avoué hier sur Twitter avoir « pleuré de bonheur » à l’annonce de la consécration d’Annie Ernaux, confie à Libération que, pour lui, l’écrivaine donne « la première place à l’humain ».
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Dans la presse régionale, seul Paris-Normandie consacre sa une à « Une normande sacrée Prix Nobel ». Annie Ernaux, rappelons-le, vient de Lillebonne, près du Havre, et a grandi à Yvetot. Née Annie Duchesne, elle fait partie des auteurs français les plus étudiés dans les milieux universitaires. Sa formule : allier récit très personnel et autobiographie avec un regard quasi sociologique sur le monde qui l’entoure depuis 48 ans. Annie Ernaux n’a de cesse d’écrire sans fioriture pour raconter la vie, tout simplement, de l’infiniment petit et personnel à l’universel.
Annie Ernaux est un soutien de Jean-Luc Mélenchon et des Gilets jaunes
En 2008, elle publie Les Années, l’autrice y épluche un album photo et retrace 60 ans d’existence collective depuis la fin de la guerre : « j’ai voulu opérer une sorte de fusion entre le personnel l’individuel et l’intime – ce qui fait qu’une existence est singulière – et le mouvement de la société » explique-t-elle. Fille d’épicier, elle est poussée aux études et décroche l’agrégation. Dans La Place, Annie Ernaux plonge dans cette ascension sociale, celle de son père, d’ouvrier à petit commerçant : « je pense que les mots, les phrases qu’on emploie retracent vraiment le monde où l’on vit. On disait souvent à la maison, qu’on n’est pas malheureux, et qu’il y a plus malheureux que nous. Cela montre notre limitation ». La Place est prix Renaudot en 84. Avec son écriture « de constat » (ce sont ses mots), elle préfère le réel à la fiction. L’Evènement, succès outre-Atlantique, et Les Armoires vides, son tout premier livre, dissèquent un avortement. L’autrice devient une figure pour les mouvements féministes. Annie Ernaux s’engage à gauche. Soutien de Jean-Luc Mélenchon, et du mouvement des Gilets jaunes. A 82 ans, elle écrit toujours depuis son petit bureau orienté nord. En face, il y a quelques sapin « pour ne pas être dérangé par la vue », dit-elle.
Philippe Gault et Victoire Faure
Annie Ernaux, Nobel de littérature. On en pleure de bonheur. Les lettres francophones parlent au monde une langue délicate qui n'est pas celle de l'argent.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) October 6, 2022