Virginie Despentes : Les réactions de la presse à Cher Connard, son nouveau livre

ANDREU DALMAU/SIPA

Virginie Despentes est en une de L’Obs, avec ce titre : La Pionnière. La romancière sort en cette rentrée un livre intitulé Cher Connard, aux éditions Grasset. C’est l’occasion pour L’Obs de s’adonner à un exercice d’idolâtrie de l’auteure de la trilogie Vernon Subutex ou encore de Baise moi.

L’Obs dresse un portrait affectueux de l’écrivaine controversée

L’Obs présente les choses ainsi : Virginie Despentes n’est ni théoricienne ni porte-drapeau, mais en devenant un symbole de la lutte contre le patriarcat, elle a préfiguré le mouvement de libération de la parole. J’appelle ça du langage automatique. Dans ce portrait affectueux, vous lirez l’histoire d’un recentrage, d’un assagissement : « la punkette défoncée des débuts souvent scrutée comme une bête de foire a quitté les marges pour occuper aujourd’hui une place centrale dans le paysage littéraire ». Plus loin, un proche interrogé par L’Obs explique autrement l’épanouissement de l’autrice de Cher Connard : « comme hétéro elle n’était pas antipathique, mais depuis qu’elle a changé d’avenue, ça l’a métamorphosée ». Luz, dessinateur de Charlie Hebdo déclare lui : « la fille qui terrorise un bon tiers de la France est une personne paisible et empathique ». Ce que j’ai aimé dans ce papier de L’Obs, c’est peut-être la conclusion : « elle a terminé son jus de citron depuis longtemps déjà, roulé quelques cigarettes. Cela fait plus de deux heures qu’on parle. Au moment de se quitter, elle contemple les toits de Paris qui se déploient devant nous, baignés par une brume de chaleur. On l’entend murmurer « c’est beau » ».

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Le magazine Transfuge assène :  » Virginie Despentes est un Pascal Praud de gauche »

Si L’Obs a été plutôt tendre, ce n’est pas le cas d’Eric Naulleau dans Marianne, ou du magazine Transfuge. Eric Naulleau n’aime pas l’écrivaine ni sa littérature et ne lui pardonne pas un texte publié dans Les Inrocks après la tuerie en 2015 de Charlie Hebdo. Ce passage, où Despentes exprime sa sidération au lendemain des attentats, lui est resté en travers de la gorge : « j’ai passé deux jours à me souvenir d’aimer les gens juste parce qu’ils étaient là et qu’on pouvait encore le leur dire. J’ai été Charlie, le balayeur et le flic à l’entrée. J’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir ». Naulleau ne se gêne pas pour le rappeler dans un texte à lire sur Marianne.fr. Quant au magazine Transfuge, il n’a pas aimé le livre et le caricature ainsi : « On l’attendait. Sans surprise, en baillant. Le patriarcat, c’est mal ; le néo-féminisme, c’est bien ; le libéralisme, c’est mal ; la drogue, c’est bien mais c’est mal ; vieillir, c’est pas cool ; le climat, c’est dur ; la bienveillance, c’est beurk ; et les cactus, ça pique ». Transfuge conclut : « Virginie Despentes est un Pascal Praud de gauche », en référence à l’animateur de CNEWS. Mais pour certains être comparé à Pascal Praud ce pourrait être un compliment. Ceci étant dit, il faut bien sûr lire le livre et se faire son opinion.

David Abiker

 

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