Bac 2022 : « Le texte n’était pas très difficile » répond Sylvie Germain, harcelée par des lycéens

librairie Mollat

L’autrice Sylvie Germain était l’invitée de Renaud Blanc dans Les Spécialistes, sur Radio Classique. Elle a réagi à la vague de cyberharcèlement dont elle a été victime sur les réseaux sociaux. Des candidats au bac ont affirmé que l’extrait de son livre Jours de colère (Gallimard), choisi par les professeurs pour l’épreuve de commentaire de texte, était trop difficile à comprendre.

Ces élèves se privent d’un des grands bonheurs dans la vie, celui d’aimer lire, assure Sylvie Germain

Sylvie Germain est la cible d’une campagne de harcèlement sur les réseaux sociaux depuis le 16 juin, date de l’épreuve écrite du bac français en filière générale. L’extrait de son livre Jours de colère, un texte d’une vingtaine de ligne, a été jugé trop compliqué par les élèves, dont certains ont insulté l’autrice et l’ont même menacée. Si elle assure ne pas éprouver de colère, l’écrivaine estime que cette affaire est désolante : « j’ai relu ce texte, qui n’était pas vraiment très difficile, ni au niveau du vocabulaire, ni [au niveau] de la structure du passage ». Sylvie Germain se dit surtout inquiète de voir que ces élèves, presque au seuil de la sortie du cycle scolaire « ont si peu acquis de moyens linguistiques [qu’ils sont] démuni[s] devant un texte qui n’était pas si difficile ».

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Elle déplore « le mésusage des réseaux sociaux, qui peut servir toutes les dérives, même si internet est un instrument absolument fabuleux ». Elle se dit également triste pour ces lycéens, qui « gâchent leurs propres études et leur propre avenir à travers ça ». « Ils se privent aussi d’un très grand bonheur dans la vie, celui d’aimer lire et découvrir de nouvelles choses », se désole la romancière. La situation de Sylvie Germain est presque paradoxale, elle qui avait reçu en 2005 le prix Goncourt des lycéens, « l’un des plus beaux prix qu’on puisse recevoir comme écrivain ». Elle a enfin tenu à exprimer son admiration pour les professeurs, qui « essaient chaque jour de donner le goût de la littérature, de la langue, de la musique dans des classes où il y a autant d’élèves rétifs ». « Cela doit être extrêmement éprouvant », conclut-elle.

Béatrice Mouedine

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